02.07.2023 : Mt 10.37-42 – Croire pour accueillir

L’Évangile du verre d’eau

Introduction

Dans la séquence précédente, Jésus a déclaré qu’il a été envoyé pour mettre la division dans les familles, entre les parents et les enfants. Il enfonce le clou en disant qu’il faut le préférer à ses parents.

Aussitôt après, il rectifie son propos en soulignant l’importance de l’accueil.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Aimer les siens plus que Jésus

Celui qui aime son père ou mère… fils ou fille plus que moi n’est pas digne de moi. Le verbe aimer ici n’est pas agapaô qui est le verbe du commandement d’amour, mais phileô. Les deux autres apparitions de ce verbe dans l’évangile parlent d’un amour mal placé : ce sont les hypocrites qui aiment prier debout dans les synagogues (Mt 6.5) et les scribes et les pharisiens qui aiment avoir la première place dans les dîners et les premiers sièges dans les synagogues (Mt 23.6.). Le verbe utilisé ici suggère un attachement narcissique. Il peut arriver que des attachements familiaux soient pathologiques.

Aimer Dieu et les siens

Lorsque Jésus dit qu’il faut aimer Dieu plus que les siens, il ne dit pas qu’il ne faut pas aimer les siens, mais qu’il ne faut pas se tromper dans ses priorités.
Un amour authentique pour le Christ n’est pas en concurrence avec l’amour que l’on porte aux siens, mais il peut le transformer. Si je suis attaché au Christ, je sais qui je suis, je rends grâce pour mes proches et je les aime pour ce qu’ils sont. L’amour de Dieu permet de mieux aimer les siens.

Pistes d’actualisation

1er thème : Prendre sa croix, le discipulat

Celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n’est pas digne de moi. L’expression « porter sa croix » a pris une valeur proverbiale pour évoquer une épreuve. Dans ce texte, n’importe quelle épreuve n’est pas une croix. Une croix est une épreuve subie à cause de notre fidélité à Jésus-Christ.
Vivre comme disciple du Christ peut conduire à certains renoncements, à certaines épreuves. Aujourd’hui nous ne sommes pas persécutés en France, mais la fidélité à l’Évangile peut avoir un coût.
Lorsque la foi chrétienne n’a aucun prix et qu’elle n’induit aucun renoncement, on peut se demander si on est encore disciple d’un crucifié ?

2e thème : Accepter de perdre pour trouver

Celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera. Vivre l’Évangile, c’est croire qu’il y a une vraie fécondité à prendre le risque de vivre les mains ouvertes.
Dans l’évangile, à deux reprises il est dit qu’une voix est descendue du ciel pour dire à propos de Jésus : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. La première fois, c’est au moment du baptême de Jésus et le deuxième à la Transfiguration.
Au baptême, Jésus a accepté de devenir un homme au point d’être baptisé par le Baptiseur.
À la Transfiguration, Jésus vient d’annoncer sa passion pour la première fois.
C’est lorsque Jésus a été le plus petit qu’il a été publiquement déclaré Fils bien-aimé par le Père.

3e thème : L’évangile du verre d’eau

Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu’une coupe d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple… ne perdra jamais sa récompense. L’évangile nous appelle à aimer et ce texte nous dit ce qu’est l’amour : partager un verre d’eau.
Lorsque Paul parle de l’amour dans la première épître aux Corinthiens, il ne parle pas de livrer son corps ni de distribuer tous ses biens, mais de pardonner, de croire et d’espérer. C’est dans la patience, dans les petites choses du quotidien qu’on aime.
J’aime l’expression de petite bonté qui réside dans l’accueil, l’attention à l’autre et le partage du verre d’eau.

Une illustration : L’homme qui aimait sa terre

Celui qui perdra sa vie à cause de moi la trouvera. Il faut parfois renoncer pour trouver comme le raconte cette histoire.
Un homme aime beaucoup son pays. Avant de mourir, il demande à son fils de lui apporter un peu de terre afin qu’il puisse la serrer dans ses mains au moment de rendre l’âme. Il arrive devant les portes du ciel. Dieu l’accueille mais lui demande d’ouvrir les mains. L’homme refuse car il veut emporter sa terre avec lui. Il ne peut entrer et reste devant la porte.
Quelque temps après, Dieu revient et s’adresse à notre homme comme à un vieil ami : Allez, entre, il y a une place pour toi, il te suffit d’ouvrir les mains ! L’homme refuse encore.
Quelque temps plus tard, Dieu recommence et s’adresse à notre homme comme à un grand-père : Tu es bon et tu nous manques, accepte de lâcher ce que tu tiens ! Il le prend par la main et l’aide à marcher vers le paradis. L’homme est devenu très vieux, il ne contrôle plus ses mouvements. Au moment où il arrive devant les portes du ciel, ses forces l’abandonnent et il ne peut plus tenir sa main fermée. Il l’ouvre et laisse tomber la terre.
Il peut alors entrer. La première chose qu’il voit… est son pays tant aimé.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis