13.06.2021 : Marc 4.26-34 – Paraboles de grâce

Petites paraboles du royaume

Introduction

Le chapitre 4 de l’évangile de Marc est un discours de Jésus au bord du lac dans lequel il raconte quatre paraboles sur le royaume. Ce dimanche, nous méditerons les deux dernières : la semence qui pousse toute seule et la graine de moutarde. Deux paraboles agricoles qui parlent du royaume.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Les paraboles du chapitre 4

Jésus raconte une série de quatre paraboles. Les deux premières – la parabole du semeur et celle de la lampe – invitent à être attentifs et à travailler sa foi. Quelle terre sommes-nous et l’appel à vivre dans la lumière. Les deux dernières que nous méditons aujourd’hui sont à l’inverse orientées vers la grâce. Une fois semée la graine pousse qu’on dorme ou qu’on veuille et la plus petite de ces graines peut donner naissance à la plus grande des plantes. Ces deux messages sont en tension et ils sont tous les deux vrais : à la fois nous devons être attentifs à prendre soin de notre foi et nous devons apprendre à laisser faire la grâce.

Le discours en paraboles

Dans le dernier verset de notre texte, il est écrit que Jésus ne parlait pas sans paraboles, pourtant nous trouvons dans l’évangile des tas de paroles de Jésus qui ne sont pas des paraboles. Voici comment je comprends ce verset : toutes les paroles de l’évangile doivent être reçues comme des paraboles, c’est-à-dire comme des enseignements qui s’adresse autant à notre cerveau gauche, celui de la rationalité et de l’analyse logique, qu’à notre cerveau droit, celui de la sensibilité et de la relation humaine. Nous devons accueillir les paroles de l’Évangile à partir de notre histoire, de notre raisonnement, mais aussi de notre cœur et de nos passions.

Un dernier point : En privé, il expliquait tout à ses disciples. J’aurais tant aimé participer à une étude biblique avec Jésus.

Pistes d’actualisation

1er thème : La semence qui pousse toute seule

Avec la parabole du semeur, il y a un temps pour prendre soin de notre terre et avec la parabole de la semence qui pousse toute seule, il y a un temps pour… dormir. Dans un de ses livres, Luther raconte sa liturgie du coucher : « Je vais dans ma chambre et je jette les clefs aux pieds de mon Seigneur Dieu en lui disant : “Seigneur, c’est ton affaire et non la mienne. C’est sans moi que tu l’as conservée depuis le début du monde, sans moi tu peux bien la conserver jusque dans l’éternité“. »

Nous sommes appelés à être des témoins et Dieu compte sur ses serviteurs, mais nous sommes aussi appelés à croire que le royaume ne dépend de nos bonnes actions et que la semence peut pousser même quand on dort.

2e thème : La graine de moutarde

La plus petite des graines donne naissance à la plus grande des plantes. Cette parabole est sûrement la plus vraie d’un point de vue historique. Lorsque Marc écrit son évangile, la petite Église à laquelle il s’adresse est minuscule par rapport à la puissante organisation de l’Empire romain, et pourtant elle va conquérir l’empire. C’est le thème du livre de l’Apocalypse qui met en scène l’opposition entre un dragon terrifiant et un agneau immolé… et c’est l’agneau qui est vainqueur. Ce genre de renversement ne s’explique pas, mais il peut se raconter. C’est à chacun d’entendre que c’est avec ses mains nues que l’évangile s’est répandu dans le monde.

3e thème : Apprendre la confiance

Le grand thème qui traverse ces deux paraboles est celui de la confiance. En hébreu, le mot confiance se dit amen, il évoque ce qui est solide, ferme, durable. Nous ne pouvons avancer dans la vie que parce que nous faisons confiance à ceux qui nous entourent. Nous ne pouvons avancer dans la foi que si nous faisons confiance à la parole de l’Évangile pour oser la mettre en pratique.

La confiance nous fonde, elle nous permet de vivre selon ce qu’on croit et à sortir du grégarisme. Une étymologie du mot hébreu dit que c’est celui qui se tient sur l’autre rive, qui est capable de dire non quand tout le monde dit oui, et réciproquement. Il faut une belle confiance pour cela.

Une illustration : Les paraboles

Le mot parabole, mashal en hébreu, donne lieu à toutes sortes de traductions : parabole, comparaison, fable, proverbe, révélation, énigme, pseudonyme, symbole, fiction, exemple, motif, argument, objection, jeu de mots… La polysémie du mot est immense.

Les paraboles font appel à l’imagination plutôt qu’au raisonnement car il est des choses qu’on ne peut expliquer, on peut seulement les raconter, les susciter, les suggérer. L’important dans une parabole est la façon dont nous l’accueillons, dont nous laissons sont histoire entrer en résonnance avec notre propre histoire.

Un disciple un jour va voir son maître pour lui dire : « Tu nous racontes souvent des histoires, mais tu ne nous expliques jamais ce qu’elles veulent dire. » Le maître a répondu : « Que dirais-tu si je t’offrais un fruit, mais qu’avant de te le donner, je le mâchouillais ? »

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 4, 26-34 : https://campusprotestant.com/video/jesus_et_les_paraboles/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis