Peut-on réparer ses erreurs ? Pour le pasteur Antoine Nouis, la Bible répond clairement : oui, à condition d’oser la repentance. Trois figures marquantes de l’Ancien Testament en donnent l’illustration : Judas, David et Manassé.

Judas, d’abord, dont le nom a donné « juif ». Sa vie commence par des choix douteux et un scandale avec Tamar, sa belle-fille, qu’il refuse de marier à son dernier fils. Tamar use alors d’un stratagème et lui arrache, déguisée en prostituée, un gage qui prouvera plus tard sa paternité. Judas aurait pu la condamner. Mais au lieu de cela, il reconnaît : « Elle est plus juste que moi. » Ce retournement ouvre un avenir : Judas devient l’ancêtre éponyme du peuple d’Israël.

David, ensuite, figure bien connue. Resté à Jérusalem pendant que ses soldats combattaient, il s’éprend de Bethsabée, la femme d’Urie. Après l’avoir séduite, il organise la mort du mari gênant. Mais le prophète Nathan le confronte à sa faute par une parabole. David s’effondre : « J’ai péché contre le Seigneur. » Une confession brève mais décisive. Parce qu’il reconnaît sa faute, il reçoit le pardon. La tradition juive va jusqu’à dire que ses crimes ne doivent plus être évoqués : Dieu les a effacés.

Troisième exemple : Manassé, roi idolâtre et criminel. Le livre des Rois en fait l’un des pires souverains d’Israël. Mais les Chroniques ajoutent une nuance : exilé, il se repent, revient à Dieu et finit sa vie en restaurant le culte véritable. Preuve, selon Antoine Nouis, qu’aucune faute n’est irréparable.

Le fil rouge entre ces récits tient en un mot : repentance. Dans le judaïsme, la tchouva, le retour vers Dieu, permet de changer de cap. Dans le Nouveau Testament, c’est la metanoia, ce changement de pensée qui renouvelle le regard. L’un comme l’autre affirment la possibilité d’un recommencement.

Une légende rabbinique le dit autrement : Dieu aurait échoué 36 fois avant de créer un monde stable. Ce qui a fait tenir la création, c’est l’introduction d’un ingrédient : la possibilité de recommencer. Ainsi, conclut le pasteur Antoine Nouis, « si notre monde tient encore debout, c’est grâce à cette capacité humaine à se retourner, à reconnaître l’impasse et à choisir un autre chemin. »

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Antoine Nouis
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag