Le texte de l’évangile de Matthieu du 1 juillet (Luc 10.1-20)

Dans l’évangile de Luc chapitre 10, Jésus envoie 72 disciples, un chiffre symbolique représentant toutes les nations du monde, pour annoncer l’Évangile au-delà du peuple d’Israël. Il les envoie deux par deux, comme des « agneaux au milieu des loups », désarmés, sans argent, sans provisions, sans chaussures. Une mission risquée, marquée par la vulnérabilité, mais chargée de sens.

Le message est clair : la moisson spirituelle est abondante, mais les ouvriers sont rares. Les disciples, messagers du Royaume de Dieu, doivent prêcher la paix, guérir les malades, et annoncer que « le règne de Dieu s’est approché ». Là où ils sont reçus, ils bénissent ; là où ils sont rejetés, ils secouent la poussière de leurs pieds en signe de rupture. Jésus n’élude pas l’échec. Il l’intègre à la mission, rappelant que la réussite ne leur appartient pas : seul l’annonce fidèle du Royaume compte.

La mission ne se limite pas aux paroles : elle engage à l’action concrète. « Guérissez les malades », dit Jésus, non pas forcément par miracle, mais en prenant soin d’eux, en les honorant. Le mot grec therapeuo signifie autant « soigner » qu’ »honorer ». Historiquement, cela s’est traduit par la fondation d’écoles, d’hôpitaux, de lieux d’accueil. Un évangile sans soin serait désincarné ; un soin sans évangile serait incomplet.

À leur retour, les disciples sont enthousiastes : « Même les démons nous sont soumis en ton nom ! ». Jésus tempère leur joie : ce n’est pas la puissance qu’il faut célébrer, mais le fait que « vos noms sont inscrits dans les cieux ». Il leur révèle une vision saisissante : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair ». Non pas par la force, mais par la puissance d’un témoignage humble et désarmé.

Ce récit rappelle que la vraie victoire du message chrétien ne passe ni par la domination, ni par le pouvoir, mais par le choix d’être fragile, fidèle, et d’incarner l’Évangile dans les blessures du monde. Dans l’histoire, les « agneaux » ont parfois conquis les « loups » non par la violence, mais par la foi, le soin et le martyre. Un paradoxe étonnant, toujours d’actualité.

Le texte de l’épître aux Galates du 1 juillet (Galates 6.14-18)

Paul et le Christ 

Le contexte – L’épître aux Galates­ 

Paul écrit aux Églises de Galatie pour répondre à des judaïsants qui invitent les Églises qu’il a fondées à retourner vers les pratiques de la loi, notamment la circoncision et le respect des fêtes.

Si pour certains la question peut paraître secondaire, pour Paul elle est essentielle car elle touche le cœur de la foi. À ses yeux, la foi ne repose pas sur des pratiques religieuses qui ne sont que des signes, mais sur notre attachement au Christ crucifié.

Pour Paul, la croix est un changement de catégorie religieuse, elle induit la condamnation de toutes les entreprises religieuses humaines, et l’introduction à une économie radicalement différente marquée par l’Esprit. Paul n’oppose par l’incirconcision à la circoncision, mais la liberté chrétienne à toutes les pratiques religieuses.

Que dit le texte ? – La fierté de Paul

Jamais je ne mettrai ma fierté en rien d’autre que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Toutes les œuvres religieuses à commencer par la circoncision – mais nous facilement actualiser avec nos œuvres chrétiennes – ont été crucifiées au Golgotha. Face à la croix, l’humain est nu, il ne reste que la grâce. 

Dans l’économie de la grâce, l’important n’est pas les œuvres qu’on accomplit, mais comment on habite notre condition de disciple d’un crucifié en étant morts et ressuscités. Cet abandon des œuvres religieuses n’est pas un oreiller de paresse car Paul ajoute qu’il porte dans son corps les marques de Jésus. Nous pouvons interpréter cette affirmation de deux manières.

 Paul relit les épreuves qu’il a rencontrées à la lumière de la croix. Il témoigne de son ministère dans la deuxième épître aux Corinthiens : cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été frappé à coups de bâton, une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai fait naufrage ; j’ai passé un jour et une nuit dans les abysses (2 Co 11.24-25). Être disciple d’un crucifié n’est pas toujours de tout repos.

Le mot marque évoque aussi le tatouage posé sur le corps des esclaves pour marquer leur appartenance à un maître. Son identité vient de son appartenance au crucifié.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’envoi des disciples

Lorsque Jésus a envoyé ses disciples en mission, il ne les a pas envoyés pour créer une nouvelle religion avec de nouvelles pratiques, mais pour témoigner de la grâce de l’Évangile. 

À leur retour, Jésus déclare : Je voyais Satan tomber du ciel. Être témoin du crucifié est un renversement par rapport à la logique du monde qui repose sur la force, la victoire et la réussite et qui est le règne du Satan. La victoire de la croix ne repose pas sur une plus grande puissance, mais sur le renversement paradoxal de la non-puissance et du refus de la vengeance et du jugement. 

Dans son ministère, Paul a vécu de cette logique, il en est mort, mais son héritage est d’une fécondité que nul ne peut contester. 

Le texte d’Esaïe du 1 juillet (Esaïe 66.10-14 )

Se réjouir dans les difficultés

Le contexte – Le livre d’Ésaïe 

Le livre d’Ésaïe se partage en trois parties. Une première partie dans la seconde moitié du VIIIe siècle lors de la chute de Samarie et du premier siège de Jérusalem, une deuxième partie dans la première moitié du VIe siècle, lors de l’exil à Babylone et une troisième partie au moment du retour d’exil et le l’installation à Jérusalem.  

Le chapitre 66 est le dernier du livre. Il s’adresse aux exilés qui sont dans une situation difficile car les retrouvailles avec les enfants de Jacob qui sont restés à Jérusalem ne sont pas faciles et la ville a été peuplée par des étrangers. 

Dans les versets qui précèdent notre séquence, le prophète s’en prend aux Hébreux qui sont restés à Jérusalem. Ils sont cyniques et désabusés et se moquent de l’enthousiasme des exilés qui veulent reconstruire Jérusalem. Dans notre passage, le prophète les encourage en leur promettant la consolation. 

Que dit le texte ? – La promesse d’une consolation

Le livre d’Esdras raconte que les travaux de reconstruction du temple ont été interrompus suite à l’opposition des habitants de la ville et d’une lettre de délation qui a été envoyée à Darius (Esd 5.6-17).

Les exilés qui étaient retournés en terre d’Israël dans un enthousiasme sioniste sont confrontés aux dures réalités de l’histoire : ils n’étaient pas attendus et leur retour a perturbé les habitants de la ville.

Réjouissez-vous… vous qui menez deuil. Dans cette situation difficile, le prophète appelle à la joie malgré le deuil. Dans le Nouveau Testament, la joie ne dépend pas des circonstances, elle est un fruit de la foi.

Vous serez allaités et rassasiés. Dieu fait la promesse qu’un jour Jérusalem sera reconnue par les nations. Cette espérance demeure dans un horizon messianique, mais elle est pour les Judéens un encouragement afin de persévérer malgré les difficultés. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’envoi des disciples

Lorsque Jésus a envoyé les soixante-douze, il les a prévenus qu’ils ne seront pas toujours bien accueillis. Dans notre méditation, nous avons souligné que l’échec fait partie du programme : Dans toute ville où vous entrerez et où l’on ne vous accueillera pas, allez dans les grandes rues et dites : « Même la poussière de votre ville qui s’est attachée à nos pieds, nous la secouons pour vous la rendre ; sachez pourtant que le règne de Dieu s’est approché. »

 L’échec ne doit pas décourager les disciples qui sont appelés à la persévérance dans leur témoignage. Le dernier verset rappelle qu’on ne doit pas témoigner pour réussir, mais parce que ça nous est demandé en tant que témoins du Royaume. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis