Le texte de l’évangile de Jean du 1 juin (Jean 17, 20-26)

Dans un passage saisissant de l’Évangile selon Jean, souvent appelé la prière sacerdotale, Jésus s’adresse à Dieu, non seulement pour ses disciples immédiats, mais pour tous ceux qui croiront en lui à travers leur parole. Ce texte, dense et mystique, révèle un désir profond d’unité, non comme simple entente entre croyants, mais comme une communion totale, à l’image de l’unité entre le Père et le Fils.

Jésus y formule une demande essentielle : « qu’ils soient un comme nous sommes un ». Cette unité, à la fois divine et humaine, devient le signe visible de la mission du Christ : si ses disciples sont unis, alors le monde croira que Dieu l’a envoyé. Cette prière n’est pas un événement du passé à contempler de loin. Elle nous concerne aujourd’hui, personnellement et collectivement.

La force du texte réside dans ce « je veux » prononcé par Jésus. Une volonté ferme, presque impérieuse, qui dépasse le simple souhait. Il veut que ceux que le Père lui a donnés soient là où il est, dans la gloire qu’il a reçue avant même la création du monde. Il veut que l’amour dont Dieu l’a aimé soit en eux. Cette volonté divine nous entraîne dans une dynamique : celle de l’unification intérieure et universelle.

Car l’unité ne concerne pas seulement l’Église visible, ni même seulement les croyants : elle est destinée à toute l’humanité. Il ne s’agit pas de dissoudre les individualités dans un collectif informe, mais d’unir ce qui est éclaté – en nous-mêmes d’abord. Chacun connaît ces tiraillements intérieurs, ce désaccord entre ce que nous disons, pensons, voulons. Or, selon cette vision chrétienne, être « un », c’est aussi retrouver l’alignement entre nos pensées, nos paroles et nos actes. C’est être « réaligné » dans le regard aimant de Dieu.

Ce texte pose aussi une question théologique profonde sur la Trinité : comment comprendre cette relation d’unité et de distinction entre Jésus et le Père ? Mais plus qu’un traité de dogme, cette prière est mystique. Elle offre une espérance : nos vies, parfois dispersées, chaotiques, appelées à l’oubli, ont un sens. Elles sont portées, rassemblées, aimées, promises à la gloire.

Jésus ne prie pas simplement pour nous. Il nous intègre à sa propre prière. Nous prions dans sa prière. Et c’est là que s’ancre la grande promesse chrétienne : que l’unité, loin d’être une utopie, est la vocation de toute l’humanité. Une vocation enracinée dans l’amour, connue de Dieu depuis avant la fondation du monde.

C’est cette certitude, discrète mais tenace, qui donne au christianisme sa force d’espérance. Loin d’être une vieille idée démodée, cette promesse d’unité intérieure et universelle rejoint aujourd’hui les quêtes existentielles de sens, de vérité et d’accomplissement. Elle est, à sa manière, révolutionnaire : elle affirme que chacun est déjà connu, aimé et appelé à participer à une unité divine qui transforme tout.

Le texte extrait du livre des Actes du 1 juin (Actes 7.55-60)

Le premier martyr de l’Église 

Le contexte – Le livre des Actes des Apôtres 

Dans la première Église, une tension est apparue entre les chrétiens de langue grecque et ceux de langue hébraïque, ce qui recoupe la tension entre l’attachement à la terre d’Israël et la diaspora. Pour permettre une représentation des premiers, il a été décidé de nommer des diacres à côté des apôtres qui étaient chargés du service des tables afin que les seconds puissent se consacrer au service de la parole.

Les humains aiment des organisations qui assignent une place à chacun, mais l’esprit se plaît à contourner les institutions et la suite du livre montre que les diacres ont aussi été des évangélistes.

Le premier de ces diacres, Étienne parlait avec tant de conviction, qu’il a été arrêté par le sanhédrin pour le faire taire. Il a alors tenu un discours qui opère une relecture de l’histoire en montrant que les hommes de Dieu ont toujours été rejetés, c’est pourtant eux qui sont porteurs de la promesse.

La vérité est trop dure à entendre pour le sanhédrin, c’est pourquoi les religieux décident de lapider Étienne.

Que dit le texte ? – Le martyr d’Étienne 

Quand la tension est à son comble, Étienne a une vision dans laquelle il contemple la gloire de Dieu et Jésus à la droite du Père. La vision rappelle le récit de la Transfiguration que nous avons médité au commencement du carême. Nous avons interprété ce récit comme la confirmation de la croix que Jésus venait d’annoncer. Elle associe la gloire et la croix, c’est dans sa passion que Jésus vit le jusqu’au bout de la révélation de Dieu. La conjonction de la gloire et de la croix se retrouve dans le martyr d’Étienne qui voit Dieu au moment où il va être exécuté.

Notre récit souligne le parallèle entre la mort du Christ et celle d’Étienne jusque dans les dernières paroles du martyr qui devient christique lorsqu’il déclare à propos de ceux qui lui jettent les pierres qui le tuent : Seigneur, ne les charge pas de ce péché !

Lorsque le ressuscité avait donné son Esprit aux disciples, il leur a donné le pouvoir du pardon :  À qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci sont pardonnés (Jn 20.23). Étienne reste disciple jusqu’au bout de sa vie. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La prière de Jésus pour ses disciples 

Dans le quatrième évangile, après laisser son testament spirituel à ses disciples, Jésus a prié pour eux : afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé (Jn 17.21).

Cette prière a été exaucée au moment de la mort d’Étienne : en voyant Jésus glorifié à la droite du Père et en pardonnant à ses bourreaux comme Jésus l’a fait, le disciple est à l’image de son maître : il est pleinement un en Dieu jusqu’à son dernier souffle. 

Le texte extrait du livre de l’Apocalypse du 1 juin (Apocalypse 22.12-20)

L’attente comme marque de la foi

Le contexte – Le livre de l’Apocalypse 

Le livre de l’Apocalypse adressé aux Églises d’Asie relève de la littérature de résistance. Il a été rédigé pour soutenir le combat de petites Églises soumises à la persécution de l’Empire romain afin qu’elles demeurent dans la fidélité.

Il commence par mettre des mots sur ce que vivent les Églises en parlant de dragons, de bêtes, de cavaliers qui apportent la mort dans le monde. Mais l’oppression n’est pas la dernière partie du livre qui se termine par la vision d’une terre nouvelle symbolisée par une ville, la Jérusalem céleste qui est marquée par la présence du Seigneur en son sein.

En attendant la fin de l’histoire, les fidèles sont dans le temps qui est le leur, tendus vers l’attente de la pleine réalisation des promesses, le grand mot du texte de cette semaine est : Viens !

Que dit le texte ? – Le Christ vient

Le passage qui conclut le livre de l’Apocalypse est tendu vers la venue du Christ. C’est pour nous l’occasion de rappeler que le Nouveau Testament ne dit pas que le Christ revient, mais qu’il vient. La différence entre les deux est que parler du retour du Christ, c’est l’attendre dans les catégories dans lesquelles il est déjà venu, alors que parler de sa venue, c’est savoir qu’il se présente à nous dans la nouveauté.

Dans un monde marqué par le chaos, Dieu n’est pas dans la causalité des événements, il n’est pas à l’origine de l’oppression que subit la première Église, il est dans la finalité, c’est lui qui nous attend au terme de notre histoire. 

Dire que Dieu vient est une protestation contre la réalité du monde et la confession de l’espérance d’une réalité spirituelle qui est plus grande que les désordres du monde.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La prière de Jésus

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus prie pour ses disciples. De cette prière, nous retenons trois points.

Le Christ prie pour que les disciples soient en lui comme lui est dans le père. Dans la persécution, les disciples ont un lieu inviolable, c’est leur communion avec le Christ. Comme le dit Paul dans la deuxième épître aux Corinthiens : C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et même si chez nous l’homme extérieur dépérit, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour (2 Co 4.16).

Le Christ prie pour que ses disciples voient sa gloire. Dans le vocabulaire du quatrième évangile, la gloire du Christ se révèle à la croix. Il prie pour que les disciples soient capables de le reconnaître même dans les pires oppressions. 

Enfin il prie pour que l’amour du Père soit en eux. Qu’aucune épreuve ne les sépare de l’amour du Christ.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Christine Pedotti, Antoine Nouis