Le texte de l’évangile de Jean du 18 mai (Jean 13, 31-35)
Au moment précis où Judas quitte la pièce pour trahir Jésus, un retournement radical se produit dans l’Évangile selon Jean. Jésus déclare : « Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié. » Cette affirmation, énigmatique pour nos esprits modernes, prend tout son sens dans le contexte du lavement des pieds, un acte d’humilité radicale et déroutante. Loin de la gloire tapageuse des empires, ici, la gloire de Dieu se révèle dans le service, l’abaissement et l’amour.
Ce passage marque le début du testament spirituel de Jésus, une longue section de l’évangile johannique où il transmet à ses disciples l’essence de son enseignement, juste avant sa passion. Dans une logique inversée des valeurs mondaines, Jésus lie sa glorification à son abaissement. Le terme « gloire », souvent associé à la vanité ou à la puissance terrestre, doit ici être compris à la lumière de sa racine hébraïque kavod, qui évoque le poids, la profondeur, la densité de l’être. Glorifier, dans ce contexte, signifie révéler pleinement l’identité divine dans l’acte le plus humble.
C’est dans ce cadre que Jésus donne un « commandement nouveau » : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Cet amour n’est pas un simple sentiment ou une amitié sympathique, mais une réalité active, concrète, exigeante. Il s’incarne dans le geste – laver les pieds, se donner pour l’autre – et il devient le signe distinctif du disciple. Ce n’est pas tant une exhortation morale qu’un dévoilement de la nature même de Dieu, dont l’être est amour.
Dans un monde où la logique naturelle pousse à la préservation de soi, l’appel à aimer jusqu’au don de soi est une subversion radicale. Elle trouve pourtant un écho dans l’expérience humaine : certains donnent leur vie, parfois pour un inconnu. Ce sont ces moments, souvent silencieux, qui révèlent la présence de Dieu. À travers eux, l’amour devient visible, et l’humanité, même brièvement, devient image de Dieu.
Ce passage n’est pas une utopie spirituelle mais une feuille de route, posée là, au cœur de l’épreuve, alors que Jésus se dirige vers la croix. Ce commandement nouveau n’est pas un supplément, mais le cœur battant du message chrétien : c’est par l’amour vécu que se manifeste la vraie gloire, celle de Dieu.
Le texte extrait du livre des Actes du 18 mai (Actes 14.21-27)
Paul retourne à Antioche et raconte
Le contexte – Le livre des Actes des Apôtres
La seconde moitié du livre des Actes des Apôtres raconte les différentes missions de Paul afin de répandre l’évangile jusqu’aux extrémités de la terre comme Jésus l’avait ordonné à ses apôtres.
Le récit de ce dimanche propose la fin du premier voyage de Paul. Il n’est pas parti de Jérusalem, mais d’Antioche de Syrie qui est la troisième ville de l’Empire romain après Rome et Alexandrie car elle se situe au croisement des routes de l’Orient et de l’Occident.
Dans cette Église, pendant que les chrétiens célébraient le culte et jeûnaient, l’Esprit leur a dit de mettre à part Paul et Barnabé et de les envoyer en mission. Cette première mission les conduira à Chypre puis dans le sud dans la partie orientale de l’Anatolie. Après ce premier voyage, ils retournent à Antioche pour rendre compte de leur mission.
Que dit le texte ? – Compte rendu de mission
Avant de retourner à Antioche, sur le chemin du retour Paul et Barnabé repassent par les villes qu’ils ont traversées pour encourager les premières communautés et les organiser en nommant des anciens. Ils les préviennent qu’elles devront passer par beaucoup de détresse. L’épreuve – voire la persécution – fait partie du programme du fidèle.
À Antioche, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux non-Juifs la porte de la foi. L’ouverture aux non-juifs est la décision la plus importante qu’a prise la première Église. L’enjeu est de savoir si elle devait se considérer comme un mouvement à l’intérieur du judaïsme ou comme une expression de la foi au Dieu de la Bible pour toutes les nations.
Cette ouverture a été discutée, mais ce qui l’a conduite à prendre cette décision, ce sont les faits. Pierre n’a pas choisi d’aller chez Corneille, il a été poussé par l’Esprit. Paul et Barnabé n’ont pas choisi d’aller vers les non-juifs, ils ont été conduits. Quand l’Esprit bouleverse, convertit et inspire des non-juifs, il faut en tirer les conséquences.
Aujourd’hui encore, l’Église doit apprendre à ouvrir les yeux sur ce que l’Esprit dit à notre époque.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le grand commandement
Lorsque Jésus dit que c’est à l’amour que tous sauront que nous sommes disciples, il donne le mode opératoire de la mission : aimer. Si des hommes et des femmes ont été bouleversés par la parole de Paul et Barnabé, c’est parce qu’ils se sont sentis aimés, reconnus, acceptés tels qu’ils étaient.
Le message central de l’Évangile de Jésus-Christ et que nous sommes aimés de Dieu, que notre vie a de l’importance, qu’elle est précédée par le désir de Dieu et qu’elle s’achèvera dans son amour. Les disciples doivent être des témoins de cet amour par leur vie et leurs paroles. L’Évangile est invincible parce que ce message est une vraie bonne nouvelle : rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu.
Le texte extrait du livre de l’Apocalypse du 18 mai (Apocalypse 21.1-5 )
Un ciel nouveau, une terre nouvelle
Le contexte – Le livre de l’Apocalypse
Le livre de l’Apocalypse est destiné à des Églises d’Asie qui sont en situation de persécution. Il utilise un langage marqué par des figures mythologiques pour soutenir le combat et l’espérance de ces Églises.
Le message global met en scène un dragon qui représente l’Empire romain et un agneau immolé qui représente le Christ et ses fidèles. Lorsqu’on confronte un dragon et un agneau, l’espérance de vie de ce dernier est bien fragile, pourtant le message du livre est que l’agneau est vainqueur du dragon. Aujourd’hui nous savons que ce message est vrai, deux mille ans plus tard, cela fait longtemps que l’Empire romain a disparu alors que l’agneau est toujours célébré dans le monde entier tous les dimanches.
La victoire de l’agneau est suivie de l’annonce d’un nouveau ciel et d’une terre nouvelle.
Que dit le texte ? – Un temps nouveau
Le ciel nouveau et la terre nouvelle sont décrits en quatre points.
La mer n’est plus. Dans la Bible, la mer est le lieu du ténébreux, du froid, du mouillé et des monstres marins. Dire que la mer n’est plus, c’est affirmer le dragon a été jeté dans l’étang de feu.
La mort ne sera plus. La mort représente tout ce qui s’oppose à la vie. Elle aussi a été jetée dans l’étang de feu. L’expression terre nouvelle et ciel nouveau est une reprise du livre d’Ésaïe qui décrit aussi cette réalité nouvelle : Le loup séjournera avec le mouton, la panthère se couchera avec le chevreau… Il ne se fera aucun mal, il n’y aura aucune destruction, dans toute ma montagne sacrée ; car la connaissance du Seigneur remplira la terre comme les eaux recouvrent la mer (Es 11.6-9).
Dieu aura sa demeure avec les humains. Le mot demeure signifie aussi tente, cette phrase fait écho au prologue du quatrième évangile : La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous (Jn 1.14). En Christ et par Christ Dieu sera pleinement et définitivement avec les humains.
De tout, je fais du nouveau. La nouvelle création n’est pas ex-nihilo, mais à partir de ce qui existe. Dieu ne fait pas du nouveau de rien, mais de ce qui est. Le tout insiste sur le fait que rien de ce monde n’est exclut du salut de Dieu.
Ce texte évoque une espérance forte. En attendant les nouveaux cieux et la nouvelle terre, nous sommes invités à poser les signes de cette espérance en vivant un petit bout de ce qui est promis.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le grand commandement
SI nous nous interrogeons sur la façon dont nous pouvons poser les signes de cette nouvelle et de ce ciel nouveau, nous devons nous mettre à l’écoute de l’évangile de ce dimanche : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
Le chrétien est un humain qui aime et qui espère, tout le reste est secondaire.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Christine Pedotti, Antoine Nouis