09.07.2023 : Mt 11.25-30 – Contre les sages et les intelligents

Un joug léger

Introduction

Dans la séquence précédente, Jésus avait opposé Tyr, Sidon et Sodome à Chorazin, Bethsaïda et Capharnaüm, il poursuit en opposant les tout-petits aux sages et aux gens intelligents. L’évangile est mieux reçu par les païens et les petits que par les religieux et les intelligents.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

L’évangile révélé aux pauvres

Au début du chapitre, le Baptiseur a envoyé des disciples pour interroger le Christ pour savoir qui il était. Il a répondu en citant un passage du livre d’Ésaïe : Les aveugles retrouvent la vue, les infirmes marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts se réveillent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Mt 11.5). Ces pauvres à qui est annoncée la bonne nouvelle, ce sont ici les tout-petits à qui sont révélées les choses de Dieu.

Ce sont eux les vrais témoins plus que les sages et les intelligents.

Jésus doux et humble de cœur

L’évangile s’adresse en priorité aux petits car Jésus est doux et humble de cœur. Les sages et les intelligents dissertent doctement sur Dieu et ses attributs, ils philosophent sur le sens de la divinité, mais ils passent à côté d’un Dieu qui se révèle dans la douceur et l’humilité. Jésus le humble se sent chez lui chez les tout-petits alors qu’il a parfois du mal à comprendre les sages et les intelligents.

Pistes d’actualisation

1er thème : Convertir sa sagesse et son intelligence

Jésus ne nous appelle pas à renoncer à notre sagesse ni à notre intelligence, mais à les convertir comme il le dit en introduction de la partie pratique de l’épître aux Romains : Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu (Rm 12.2).

Il s’agit d’acquérir l’intelligence de Dieu qui nous appelle à voir le monde avec le regard des tout-petits comme le disait Bonhoeffer : « Cela reste une expérience d’une incomparable valeur que nous avons appris à voir les grands événements de l’histoire du monde à partir d’en bas, de la perspective des exclus, des suspects, des maltraités, des sans-pouvoirs, des opprimés, des bafoués. »

2e thème : Trouver le repos en Christ

Il nous arrive de nous sentir accablé par l’accumulation des tâches et des engagements, c’est à ces moments qu’il faut entendre le verset qui dit : Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge ; moi, je vous donnerai le repos.

Comment trouver le repos ? En invitant Jésus à partager notre charge afin de les accomplir les unes après les autres.

On demandait à un sage en quoi consistait la sagesse, il a répondu : « Quand je mange, je mange ; quand je suis assis ; je suis assis ; quand je suis debout, je suis debout ; et quand je marche, je marche. » Son interlocuteur lui a dit que cela n’avait rien de particulier car nous le faisons tous. Le moine a répondu : « Non, quand tu manges, tu penses à ce que tu feras après ton repas ; quand tu es assis, tu es déjà debout ; et quand tu es debout, tu es déjà en route. »

3e thème : Apprendre à marcher avec le Christ

Prenez sur vous mon joug. La particularité du joug est qu’il n’est pas porté par un seul, mais par deux nuques reliées entre elles. Lorsqu’on est chargé et fatigué, Jésus nous invite à nous mettre sous son joug, à le laisser porter notre fardeau avec nous.

Deux animaux sous un même joug marchent au même rythme. Porter le joug du Christ, c’est apprendre à marcher à son rythme, à aligner nos pas sur ceux du Christ.

Un verset d’Ésaïe dit : Les adolescents s’épuisent, ils se fatiguent, les jeunes gens finissent par trébucher ; mais ceux qui espèrent le Seigneur renouvellent leur force. Ils prennent leur essor comme les aigles ; ils courent et ne se fatiguent pas, ils marchent et ne s’épuisent pas (Es 40.30-31).

Une illustration : La prière du berger

À propos de la prière des sages et des intelligents et de celle des tout-petits, une histoire raconte qu’un berger avait l’habitude de s’adresser à Dieu de la façon suivante : « Oh Dieu, tu es le Seigneur du monde. Tu connais ma réputation d’être dur en affaire. Mais si tu avais un troupeau et que tu me demandais de le garder, pour toi je travaillerais gratuitement, car tout ce que j’ai, je te le dois. En attendant, je te demande de garder mon troupeau, ma famille et mes amis. » 

Un grand théologien qui était devenu l’ami du berger trouvait cette prière enfantine et décida de lui apprendre la bonne façon de prier selon les critères de la bonne théologie.

Une fois que le théologien est retourné dans ses bibliothèques, le berger est bien embêté car il ne se souvient plus de ce que lui a dit son ami le savant. La seule chose qui lui reste est que sa vieille façon de prier n’est pas bonne. Alors il ne prie plus.

Une nuit, dans un rêve, Dieu dit au théologien : « Tu es peut-être un théologien très intelligent mais tu m’as dérobé une des plus belles perles de mon Royaume. » Il lui montre le berger tout dépité.

À son réveil, le savant retourne voir son ami le berger et lui demande s’il peut lui apprendre sa prière : Tu connais ma réputation…

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis