Vincent Miéville revient pour Regards protestants sur le phénomène télévisuel “Bref”, qui signe son grand retour plus d’une décennie après avoir marqué l’ère Canal+. Série culte des années 2010, “Bref” était à l’origine un format court ultra-rythmé, en voix off, condensant les angoisses et les tracas d’un jeune trentenaire paumé. Quinze ans plus tard, “Bref 2” arrive là où on ne l’attendait plus, et parle à une nouvelle génération… tout en parlant à la même.

La surprise a été générale : personne n’imaginait revoir ce personnage sans nom, incarnation d’une jeunesse désorientée, désormais quadragénaire. Le héros a 40 ans, consulte pour hypertension et fatigue chronique, s’interroge sur l’amour, le travail, la paternité, la santé mentale et la mort. Bref, il vieillit. Mais l’essence de la série reste intacte : une lucidité mordante sur la condition humaine, un humour percutant, une mise en scène millimétrée.

Le format change : fini les épisodes de deux minutes. Place à six épisodes de 30 à 40 minutes, mêlant le ton rapide, la voix off tranchante et des respirations plus lentes, introspectives. Le style reste fidèle, mais le propos se fait plus mature. On y parle de burnout, de maladie, du décès d’un parent, de l’impossibilité d’avancer, comme dans cette réplique virale : “J’ai voulu m’asseoir 30 secondes, je suis resté assis 20 ans.”

La série explore aussi la masculinité, la difficulté d’être en couple, le poids des non-dits familiaux et la nécessité d’oser la remise en question. Certaines scènes ont fait écho jusque dans les cabinets de psy. Pour Vincent Miéville, Bref 2 agit comme un miroir. Le héros nous ressemble, ses errances nous interrogent. L’effet est quasi-thérapeutique : une invitation douce-amère à repenser nos choix, notre place dans le monde, et la possibilité d’un redémarrage. Bref, la vie.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Vincent Miéville
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal Pictures