Le pasteur Flemming Fleinert-Jensen présente son dernier ouvrage, Les frères de Thessalonique, essai sur le plus ancien écrit chrétien connu, publié aux éditions Olivetan. L’ouvrage s’articule autour de la première épître aux Thessaloniciens, généralement reconnue comme le plus ancien texte chrétien de l’apôtre Paul, rédigé dès les années 50 après Jésus-Christ, soit environ vingt ans après la mort de Jésus. Selon Flemming Fleinert-Jensen, ce document marque véritablement la naissance du christianisme en traduisant un message issu de traditions araméennes et hébraïques vers le grec, créant ainsi un vocabulaire spécifique qui allait nourrir l’ensemble de la foi naissante.
Le livre se divise en deux parties complémentaires. La première propose un récit fictif et méditatif dans lequel Flemming Fleinert-Jensen imagine la réception de la lettre de Paul par les premiers Thessaloniciens. À travers cinq soirées d’étude, le récit explore les émotions, interrogations et réactions authentiques des destinataires face à ce message inédit et lourd de sens. Ce travail de reconstruction narrative, bien qu’imaginaire, permet de redonner vie à une époque où l’attente du Christ relevait d’un enjeu existentiel.
La seconde partie de l’ouvrage s’inscrit dans une réflexion plus théologique et contemporaine sur les grands thèmes du christianisme : l’avènement du Christ, la résurrection, le jugement dernier et le royaume de Dieu. Flemming Fleinert-Jensen y défend l’idée d’un « christianisme d’esprit », où l’avènement du Christ ne se traduit pas par un retour littéral et apocalyptique, mais par une prise en charge spirituelle de « la vie achevée » de chaque être humain. Pour lui, ce moment décisif n’est pas un jugement punitif traditionnel, mais une élimination des éléments contraires à l’esprit du royaume, une purification qui permet à l’individu de se révéler devant Dieu.
L’auteur insiste également sur la singularité de la triade « esprit, âme et corps » dans ce premier texte chrétien, soulignant qu’il s’agit de la première fois dans la littérature grecque que ces trois dimensions sont associées pour appréhender l’être humain. En se fondant sur des paraboles telles que celle du « bon grain », il démontre que le jugement final n’est pas un acte de séparation binaire entre sauvés et condamnés, mais une opération de sélection intérieure, qui permet de conserver ce qui est véritablement en accord avec l’esprit divin.
Pour Flemming Fleinert-Jensen ces réflexions ont pris tout leur sens lors d’une épreuve de santé grave. Pour lui, le message de résurrection et de jugement dernier se veut une bonne nouvelle, un espoir renouvelé qui transcende les interprétations traditionnelles et offre une lecture actuelle et existentielle de la foi chrétienne. En somme, le livre invite à repenser la doctrine du retour du Christ non pas comme une anticipation littérale d’un événement apocalyptique, mais comme une expérience vivante de transformation et de présence divine au cœur de notre quotidien.
Production : Fondation Bersier : Regards protestants
Remerciements : Flemming Fleinert-Jensen
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal Pictures