Dans son numéro spécial d’été, Réforme met à l’honneur la bande dessinée « Par l’eau », un coup de cœur éditorial aussi bien par son titre que par sa résonance historique et spirituelle. Cette œuvre retrace la vie tragique et inspirante de Félix Manz, l’un des fondateurs de l’anabaptisme, mort noyé en 1527 à Zurich pour ses convictions religieuses.
La publication s’inscrit dans le contexte des 500 ans de l’anabaptisme, mouvement né en 1525 en opposition à certaines positions des premiers réformateurs. Disciple du célèbre Ulrich Zwingli, Manz se démarque rapidement sur des points théologiques cruciaux, notamment le rejet du baptême des enfants. Selon lui, seul un adulte pleinement conscient peut choisir d’être baptisé, un acte de foi personnel, inexistant selon lui dans les prescriptions bibliques pour les nouveau-nés.
Ce refus du baptême infantile, doublé d’un pacifisme radical, provoque une rupture avec les autorités religieuses et politiques de Zurich. Soutenu par d’autres figures de l’anabaptisme comme Conrad Grebel, Manz devient la cible de la répression. Les autorités zurichoises, sous influence de Zwingli, interdisent le « rebaptême » et finissent par le punir de mort. En 1527, Félix Manz est exécuté par noyade dans la Limmat, le fleuve qui traverse Zurich — ironie cruelle pour celui qui croyait au baptême par immersion volontaire.
La bande dessinée, publiée par les Éditions mennonites, rend hommage à cette figure méconnue de la Réforme radicale. Réforme en propose un extrait dans son numéro et s’associe à l’éditeur pour offrir les frais d’expédition aux lecteurs désireux de se procurer l’ouvrage.
Entre mémoire religieuse, rigueur historique et enjeux de liberté spirituelle, « Par l’eau » propose un regard accessible et poignant sur un pan souvent oublié du christianisme réformé.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Stéphane Lutz-Sorg
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal Pictures