C’est le coup de cœur de Camille Perrier pour cette rentrée littéraire 2025 : Finistère d’Anne Berest, un roman sensible et ample sur la mémoire, le temps et la transmission. L’autrice, déjà célébrée pour La Carte postale, s’attache cette fois à la branche bretonne de sa famille, en quête de ce qui reste lorsque la mémoire s’effiloche, non pas sous le poids du silence, mais sous celui du temps.

Dans cette fresque qui court sur quatre générations, on croise Eugène le père, fondateur d’une coopérative agricole, Eugène le fils, professeur de lettres, puis Pierre, scientifique taciturne et militant trotskiste dans sa jeunesse. À travers eux, Berest esquisse une histoire de la France populaire et intellectuelle, où se mêlent l’engagement rural, les utopies politiques et les révoltes intérieures.

Le roman alterne entre la voix du passé et le présent d’une fille qui veille son père malade, tentant de recueillir ses derniers souvenirs avant qu’ils ne s’éteignent. Cette urgence intime donne au récit une gravité lumineuse : la mémoire devient un geste d’amour, une résistance au temps.

Moins enquêteur que La Carte postale, Finistère se lit comme une méditation sur la filiation, entre tendresse et lucidité. On y retrouve le style clair, vibrant et mélancolique d’Anne Berest, capable d’unir la petite et la grande histoire, des coopératives agricoles à Mai 68, de l’Occupation aux années sida.

Un roman profondément humain, qui interroge nos racines et nos devenirs : comment se construire à la suite de ceux qui nous ont précédés ?

« Finistère », ou comment raconter la fin d’un monde pour mieux retrouver le goût d’en habiter un autre.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Camille Perrier
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal pictures