Le psautier réformé occupe une place centrale dans la liturgie protestante dès le XVIᵉ siècle. Son origine remonte à Jean Calvin (1509‑1564), qui prônait un culte fondé sur la lecture et le chant de la Bible, en particulier les Psaumes, comme expression directe de la foi. Calvin, s’appuyant sur l’exemple de la tradition juive et des réformateurs suisses comme Huldrych Zwingli, souhaitait que l’assemblée participe activement au culte, d’où l’importance du chant a cappella.

Le premier psautier calviniste officiel, publié en 1539 à Genève, connut plusieurs révisions. La version la plus influente fut celle de 1543‑1562, souvent appelée “psautier de Genève”, traduite en français par Clément Marot et Théodore de Bèze. Marot, poète renommé, adapta les psaumes en vers rimés et chantables, facilitant leur diffusion dans les assemblées. Bèze poursuivit et compléta l’œuvre, contribuant à un corpus de 150 psaumes poétiques, adaptés à la musique liturgique.

L’usage du psautier se répandit rapidement dans les provinces françaises, en Hollande et en Écosse, chaque communauté adoptant des éditions locales adaptées à sa langue et à ses mélodies. Les chansons à 1, 2 ou 4 voix, strictement a cappella, devinrent un marqueur identitaire du protestantisme réformé, notamment dans les lieux où le culte devait rester discret à cause des persécutions.

Au fil des siècles, le psautier réformé a conservé sa double fonction : instrument de louange collective et outil de méditation personnelle, tout en inspirant des générations de compositeurs et choristes. Aujourd’hui, des interprétations a cappella dans le respect de la tradition, comme celles proposées par les pasteurs Louis Pernot et Gilles Boucomont, permettent de redécouvrir la richesse spirituelle et musicale du psautier réformé, véritable héritage de la Réforme du XVIᵉ siècle.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Pasteurs Gilles Bouccomont & Louis Pernot, Choristes Robert Jezierski, Fanja Rasamoely, Tsifa Razafimamonjy & Mana Ito.
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horizontal Pictures