Figure emblématique du mouvement évangélique charismatique en Suède, Ulf Ekman a choisi de rejoindre l’Église romaine. Pourquoi ce revirement ? Quel a été son cheminement intérieur ? Quel rôle a joué la figure de Marie ? Comment ses proches, ses fidèles et l’opinion ont-ils réagi ? Henrik Lindell analyse les raisons de cette décision, comparables à celles du théologien John Henry Newman, converti au catholicisme en 1845 et béatifié par le pape François en 2019.

Henrik Lindell, journaliste à La Vie et chroniqueur à Radio Notre-Dame, s’est interrogé  autour d’une question centrale : y a-t-il un réveil dans l’Église catholique ? Selon lui, difficile de trancher. Si certains jeunes affluent dans les églises et que des catholiques « reviennent », aucun indicateur fiable ou statistique ne permet de qualifier ce regain comme un mouvement organisé. L’observation reste à l’échelle locale, subjective, voire personnelle.

Henrik Lindell a aussi évoqué le parcours du pasteur suédois Ulf Ekman, sujet d’un de ses livres. Fondateur de la première megachurch scandinave « Parole de Vie », Ekman, après des décennies de ministère évangélique, a rejoint l’Église catholique en 2015, avec son épouse Birgitta, à l’issue d’un long processus de discernement. Ce basculement, motivé par une découverte de la tradition catholique, la figure de Marie et l’attachement aux sacrements, illustre une recherche de continuité spirituelle et doctrinale remontant jusqu’aux origines apostoliques.

Selon Henrik Lindell, ces conversions restent marginales mais significatives. Elles révèlent une attirance croissante de certains protestants pour la richesse historique, théologique et liturgique du catholicisme. Ulf Ekman aurait été influencé, entre autres, par le cardinal John Henry Newman, ancien anglican devenu figure catholique majeure, qui incarne un pont possible entre deux traditions chrétiennes. Pour Henrik Lindell, John Newman, a su parler « du cœur au cœur », un langage qui résonne particulièrement chez les chrétiens évangéliques.

Henrik Lindell va plus loin en affirmant que le dialogue œcuménique doit être vécu concrètement, au-delà des discours protocolaires. Lui-même se nourrit de la spiritualité protestante tout en étant profondément catholique. Il appelle à plus de passerelles entre catholiques, protestants et orthodoxes, qu’il considère comme les trois « poumons » de l’Église universelle. L’un de ses ouvrages, Ce que l’Église catholique peut emprunter à l’évangélisme, explore justement cette complémentarité : s’inspirer de l’autre sans renier son identité.

Selon Henrik Lindell, l’avenir du christianisme passe par une meilleure écoute mutuelle et un réveil intérieur, personnel autant que communautaire.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Henrik Lindell
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horizontal Pictures