Être disciple de Jésus ne se résume pas à un statut : c’est une dynamique, une vocation qui appelle à la transmission. Pour le pasteur Jean-Pierre Civelli, spécialiste de la revitalisation des églises et de la formation de disciples, tout commence par un appel. « Ce n’est pas tellement nous qui choisissons Jésus, c’est Jésus qui nous choisit », rappelle-t-il. Devenir disciple, c’est donc reconnaître qu’un projet supérieur s’impose à sa vie et accepter d’être conduit par l’Esprit du Christ.
Cette identité ne se vit pas seul. Le disciple a besoin des autres pour être encouragé et, surtout, pour comprendre qu’il n’est pas le seul. Car l’un des fondements du discipulat est la reproduction : « Un disciple ne veut pas se contenter de l’être, il veut à son tour choisir d’autres disciples. » Cet élan se traduit parfois de manière bouleversante, notamment dans les demandes de baptême où certains témoignent d’une exigence intérieure qui les dépasse, comme un appel brûlant.
Quelles sont alors les marques d’un disciple ? Les « fruits de l’Esprit » : amour, humilité, bienveillance, mais aussi courage et détermination. Une combinaison rare qui fait la singularité de ceux qui suivent le Christ. Mais ce chemin n’est pas sans heurts. Jésus avait prévenu : ses disciples seraient fragiles, envoyés « comme des brebis au milieu des loups ». Ils connaîtront les échecs, la confrontation, parfois même les tribunaux. Pourtant, c’est au cœur de ces fragilités que se déploie la force de Dieu. Comme Paul, ils apprennent que « c’est dans la faiblesse que Dieu se glorifie ».
L’Église, dans cette perspective, n’est pas d’abord une institution ou une organisation : elle est faite de disciples en marche. Lorsqu’elle se focalise sur l’authenticité des relations et la croissance spirituelle, elle se développe. Lorsqu’elle se perd dans l’activisme ou l’hypocrisie, elle s’étiole.
Pour Jean-Pierre Civelli, l’encouragement est clair : « Sois accompagné et accompagne. » Le discipulat se nourrit de cette double dynamique : recevoir d’un frère ou d’une sœur dans la foi, et à son tour transmettre, former, relever. Là se trouve, selon lui, la véritable joie d’être disciple : se savoir choisi, marcher dans la fragilité, et voir le Christ agir à travers soi dans la vie d’un autre.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Jean-Pierre Civelli
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag