Pour certains, la foi n’est pas une conviction choisie, mais un don. Un cadeau discret, reçu dans l’enfance, presque sans bruit, comme un privilège que l’on porte en soi toute une vie. C’est ainsi que s’exprime un croyant lucide, conscient du regard parfois agacé, voire jaloux, de ceux qui n’ont pas reçu ce don. Il n’est pas question ici de théologie ou de prédestination – sujet sensible – mais d’une intuition profonde : celle d’avoir bénéficié d’un trésor intime, transmis dès les premières lectures, dès l’éveil de l’intelligence à la dimension spirituelle du monde.

La foi n’est pas un refuge doré ni une consolation naïve. Elle n’est pas non plus un bien de luxe réservé à une élite. Elle s’ancre dans le réel, et même dans ses zones les plus sombres. Elle ne plane pas au-dessus des épreuves comme une couronne ou une décoration qu’on porterait fièrement. Elle descend dans le malheur, le traverse, l’habite. Elle donne sens à ce qui semble absurde : la perte d’un enfant, une maladie incurable, un deuil brutal. Elle ne gomme pas la douleur mais l’éclaire. Elle ne supprime pas le tragique, mais le relit.

C’est d’ailleurs dans cette idée de relecture que s’inscrit l’un des sens du mot « religion ». Lire, relire, entre les lignes, avec attention, avec humilité. Voir dans ce que l’on a reçu, malgré la fragilité apparente, une richesse inestimable. La foi devient alors une forme d’intelligence sensible, un art de lire la vie avec une profondeur nouvelle, même lorsque celle-ci se déchire.

Un témoignage pudique, mais fort, d’une foi vivante qui, loin de fuir la réalité, l’affronte avec courage.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : François Clavairoly
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Alban Robert, Quentin Sondag, Horizontal Pictures