Dans ce dernier épisode sur la vocation, une question centrale émerge : que faire du regard des autres sur notre vocation ? Si l’appel semble personnel, presque intime, un élan, un chemin qui s’ouvre, il ne se vit jamais seul. Il se confronte au monde, à la communauté, à la famille, à l’Église. Et là, les réactions sont diverses : encouragements, résistances, incompréhensions ou même rejet.

Un exemple marquant illustre cette tension : celui d’une personne persuadée d’avoir une vocation, mais dont la communauté, par un porte-parole, a signifié qu’elle ne la reconnaissait pas. Un choc, une blessure. Le regard des autres peut en effet être violent, destructeur, surtout quand il vient de ceux censés représenter Dieu. Pourtant, vivre en Église, c’est accepter aussi que les autres nous parlent de Dieu, parfois pour corriger, parfois pour soutenir.

Tout n’est pas noir. Certaines figures bibliques, comme Barnabas, apparaissent comme des piliers discrets mais déterminants. Barnabas, surnommé « fils du réconfort », a joué un rôle crucial pour Paul : il l’a soutenu, présenté à la communauté quand celle-ci le rejetait, puis l’a même relancé dans son ministère. Un modèle de soutien fraternel. Ce type de personne, qui voit en nous ce qui germe encore faiblement, est inestimable.

Mais le chemin est semé d’embûches. Les critiques existent, parfois brutales. Un commentaire malveillant, un jugement hâtif peut briser un élan. « Tu n’es pas fait pour ça », peut-on entendre, sans nuance, sans accompagnement. Pourtant, la vocation se construit aussi dans l’échec, la persévérance et la confrontation.

Dans ce contexte, la figure de Moïse devient emblématique : tiraillé entre Dieu et un peuple difficile, il négocie, résiste, intercède, porte la responsabilité sans renier sa communauté. Moïse n’abandonne pas, ni Dieu, ni le peuple, mais fait de cette tension son lieu de prière, de combat et d’engagement.

Ainsi, vivre une vocation, c’est accepter la complexité des relations humaines, reconnaître que le discernement passe aussi par le regard des autres, sans leur donner tout pouvoir, mais sans les exclure non plus. Car si certains peuvent freiner, d’autres peuvent nous révéler à nous-mêmes.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Frédéric de Conink
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Technique : Horizontal Pictures