Au commencement de la foi de Paul, se trouve une tragédie au sens premier du terme. Paul était persécuteur des chrétiens. Dans le livre des Actes des Apôtres, il confesse : « J’ai fait enfermer en prison beaucoup de saints… et, quand on décidait de les supprimer, j’apportais mon suffrage. Dans les synagogues, j’usais de maints sévices pour les forcer à blasphémer. Dans l’excès de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères[1]

S’il persécutait les chrétiens, ce n’est pas par perversité – la suite de son histoire montre que ce n’était pas un pervers – mais parce qu’il était convaincu qu’il agissait au nom de Dieu et que ce dernier lui demandait de combattre l’hérésie. Et voici que, soudainement, sur le chemin de Damas, Paul fait une expérience spirituelle qui lui fait comprendre que ce qu’il croyait honnêtement faire pour Dieu, il le faisait en fait contre Dieu : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu[2] ? »

Toute la théologie de Paul peut être relue comme une conséquence de cette expérience. Parce qu’il a vécu dans sa chair l’échec de la loi – c’est en obéissant à la loi qu’il était persécuteur – il a été intransigeant contre tous ceux qui voulaient réintroduire des règlements et des obligations dans la foi chrétienne. Pour lui, la seule loi qui subsiste est la loi de l’amour qui n’est pas une loi : « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime l’autre a accompli la loi[3]. »

Si nous pouvons être juste devant Dieu, ce n’est pas par nos bonnes actions, mais par le Christ : « il vous a maintenant réconciliés, par la mort, dans son corps de chair, pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche[4]. » Paul était persécuteur, mais par le Christ, il est devenu saint, sans défaut et sans reproche. Toute son action en faveur de l’Évangile n’a été qu’une façon pour lui de devenir un peu plus ce qu’il était déjà devant Dieu.

La conversion

En hébreu, le mot qui désigne la conversion est teshouva, il vient du verbe shouv qui veut dire revenir. La conversion ne consiste pas dans l’adhésion à une vérité qui nous est extérieure, mais dans le retour à Dieu.

Quand Paul parle de sa conversion, il dit : « Il a plu à Dieu, qui m’a mis à part depuis le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils.[5] » Sa conversion lui a permis d’ouvrir les yeux sur une vérité qui était en lui depuis le commencement de son histoire.

[1] Ac 26.10-11.

[2] Ac 26.14.

[3] Rm 13.8.

[4] Col 1.22.

[5] Ga 1.15-16.