Les disputes entre frères et sœurs font partie du quotidien de nombreuses familles. Derrière les cris et les jalousies, se jouent souvent bien plus qu’un simple désaccord. Pour mieux comprendre ces dynamiques, Nadia Magalhaes, psychomotricienne spécialisée en guidance parentale, décrypte ce qui se cache derrière ces tensions. Ces conflits apparaissent très tôt dans la vie familiale et peuvent déstabiliser les parents. Ils révèlent toute une palette d’émotions : jalousie, sentiment d’injustice, besoin d’attention. Les parents, souvent pris dans le feu des disputes, ont un rôle particulier à jouer dans ces moments. Mieux comprendre les ressorts des rivalités permet de mieux accompagner les enfants dans leur construction.
Les rivalités fraternelles sont universelles. On n’en parle pas forcément beaucoup, mais c’est un grand sujet de douleur de l’âme humaine et ce, depuis la nuit des temps, comme en témoigne déjà le récit biblique de Caïn et Abel, les deux premiers enfants qui ont été sur la terre. Mais la Bible dit aussi : “Ah, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble”. L’harmonie est donc quand même possible, même si cela demande clairement un apprentissage.
La relation entre frères et sœurs est souvent la plus longue de notre vie, marquée à la fois par beaucoup de complicité et beaucoup de rivalité. C’est le terreau où vont se construire les bases de l’estime de soi et des futures relations sociales. La présence des rivalités est donc un indicateur qu’il y a quelque chose qui est encore appelé à se construire au niveau de l’identité. C’est comme une grande question qui attend sa réponse : “est-ce que je suis aimé ?”, “quelle est ma place ?”. Ce n’est donc pas quelque chose à prendre à la légère.
Le rôle des parents est ici immense. Très basiquement, le rôle des parents est de répondre aux besoins des enfants. Et les enfants ont essentiellement besoin de deux choses : d’amour, premièrement. D’amour inconditionnel, sans cesse à renouveler. Mais ils ont également besoin de saines limites pour pouvoir sortir de leur égocentrisme naturel. L’enjeu est que l’enfant arrive à développer à la fois son estime de lui-même et une vraie considération pour les autres. C’est ce qu’on appelle la maturité. Il ne faut pas se décourager quand on est parent, parce que c’est un processus qui prend du temps.
Dans les familles recomposées, les liens fraternels ne vont pas toujours de soi. Ces situations demandent une attention et un accompagnement particuliers et un accompagnement adapté pour favoriser des relations harmonieuses. Quelle que soit la configuration familiale, les parents peuvent se sentir démunis face aux rivalités entre leurs enfants. Nadia Magalhaes nous livre repères et conseils pour mieux traverser ces moments et accompagner les enfants tout en instaurant un climat familial apaisé.
La famille recomposée peut être quelque chose d’insécurisant et plus complexe à vivre pour certains enfants, parce que les rivalités peuvent se jouer sur plusieurs niveaux, et pas uniquement entre les enfants. Mais paradoxalement, certains enfants vont réussir à s’ajuster plus facilement parce qu’avec des demi-frères ou demi-sœurs, les liens du sang ne sont pas aussi prégnants et la charge émotionnelle va être différente. Quoi qu’il en soit, dès qu’il y a plusieurs enfants dans un foyer, la question des rivalités va se poser et c’est à chaque fois un défi singulier.
Pour aider les enfants à développer leurs relations de manière sereine et apaisée, il faut commencer par éviter à tout prix les comparaisons entre les frères et les sœurs. Ce dont l’enfant a besoin, ce n’est pas que tout soit parfaitement égal ou équitable, mais c’est de savoir que ses parents l’aiment de façon unique. En fait, l’amour doit être personnalisé. C’est la clé.
Je conseille également aux parents de viser le respect avant l’amour, parce que l’amour ne se commande pas. Par contre, le respect est obligatoire, car c’est la base de la vie en société. Garantir qu’ils se respectent est le meilleur terreau qui soit pour que, tôt ou tard, l’amour vrai puisse se développer. Mon dernier conseil est de prendre des temps de qualité en exclusivité avec chacun des enfants. C’est ça qui fait la différence.
Une émission de Phare FM
