Le sommeil n’est pas uniforme, il se compose de plusieurs cycles et phases, chacune remplissant une fonction bien précise. Le sommeil est bien plus qu’un simple repos : il est indispensable à notre santé physique et mentale. Pourtant, beaucoup d’entre nous en manquent ou dorment mal, sans toujours comprendre pourquoi, comme l’explique Dr Nicolas Saumier, anesthésiste-réanimateur de formation et médecin du sommeil.
Dans une nuit classique qui compte à peu près 7 à 8 heures de sommeil, on observe entre 4 et 5 cycles de sommeil, chacun prenant environ une heure et demie. Ces cycles sont découpés en plusieurs parties correspondant à des profondeurs différentes de sommeil. On distingue, par exemple, des phases de sommeil profond, des phases de sommeil intermédiaire et des phases un peu particulières que l’on appelle le sommeil paradoxal. Ces différents segments à l’intérieur d’un même cycle ont des fonctions différentes. Par exemple, on sait que, pendant la période de sommeil profond, on génère plutôt une récupération physique. On recharge les batteries de l’énergie dépensée dans la journée. Tandis qu’en sommeil paradoxal, qui est le temps du rêve, on trie les informations et les émotions de la journée, on met en place la mémorisation et on traite donc la partie plus émotionnelle pendant la nuit.
De nombreuses études montrent qu’un manque de sommeil régulier fragilise le corps et l’esprit. Pourtant, le sommeil est un pilier de notre santé…
Le sommeil représente un tiers de notre vie. En général, la nature ne fait rien par hasard. C’est vraiment pendant la période de sommeil que le corps est restauré par des sécrétions d’hormones, en particulier l’hormone de croissance. Toute la récupération physique, toute la réparation des muscles, des tissus, des organes s’effectue pendant la nuit. Et pendant les phases de sommeil paradoxal, on observe tout le tri, tout le reset émotionnel et de mémoire.
Un tiers de la population souffre de troubles du sommeil, avec des conséquences parfois graves sur la santé, la vie professionnelle et familiale. Apnée du sommeil, insomnie, syndrome des jambes sans repos : si ces pathologies sont fréquentes, elles sont souvent mal diagnostiquées. Un sommeil de mauvaise qualité ne se limite pas à la fatigue : il peut entraîner de nombreuses maladies, et des répercussions sur la santé physique, mentale mais également sociale.
L’apnée du sommeil, en particulier, a des répercussions très importantes sur la santé cardiovasculaire, avec un risque accru d’infarctus ou d’AVC, mais peut aussi avoir des conséquences au niveau du diabète, des conséquences neurologiques avec un vieillissement accéléré, des répercussions psychologiques ou psychiatriques avec une moins bonne tolérance aux agressions extérieures, et exacerber des troubles préexistants de type dépression.
Le sommeil est un véritable gardien de notre santé. Il est essentiel à tout âge. Chez l’enfant, le sommeil influence directement la croissance et l’équilibre émotionnel. Des particularités qu’il convient de considérer, tant elles sont cruciales à leur développement.
L’enfant est un adulte en devenir, mais il ne deviendra pas l’adulte qu’il est censé être s’il dort mal. Toute sa croissance se fait pendant le sommeil. On sait que l’hormone de croissance est sécrétée en plein milieu de la nuit et qu’elle sera d’autant plus efficacement sécrétée que l’enfant a un sommeil de bonne qualité. Sans oublier le développement émotionnel. Les besoins de sommeil de l’enfant sont beaucoup plus importants que ceux de l’adulte et ces besoins varient en fonction de l’âge. Mais les enfants jusqu’à environ 10-12 ans ont encore besoin de quasiment 10 heures de sommeil par nuit, ce qui n’est pas toujours observé dans nos sociétés, vu les expositions aux écrans, par exemple. Si l’enfant fait de l’apnée du sommeil, ce développement sera entravé. L’apnée du sommeil entraîne une baisse de l’oxygénation, en particulier au niveau du cerveau, entraînant donc une diminution éventuelle des apprentissages. On peut alors observer des enfants qui présentent une cassure de la courbe de croissance, une cassure dans les résultats scolaires. Des enfants qui sont très turbulents, qui ont des troubles du comportement avec une très grande irritabilité, surtout en fin de journée. Toutes ces répercussions entraînent des difficultés scolaires, des difficultés d’adaptation dans les groupes, et plus tard éventuellement une baisse de leur performance qui aurait été attendue plus importante.
Fort heureusement, il est toujours possible d’agir pour améliorer la qualité de son sommeil, et bien dormir au quotidien.
Il y a un certain nombre de règles à appliquer. Déjà, concernant l’environnement de sommeil, la chambre idéale de sommeil est un endroit tout à fait confortable, silencieux, calme, sombre et avec une température aux alentours de 18 degrés. Ensuite, pour tout ce qui relève plutôt de l’ordre interne, il faudra essayer de lutter contre les douleurs. Et puis, en lien avec votre médecin ou votre médecin du sommeil, il convient de vérifier s’il y a de l’apnée, s’il y a de l’insomnie et de trouver des remèdes à ces problématiques.
Une émission de phare FM.