Selon l’Organisation mondiale de la santé, les différences biologiques entre hommes et femmes influencent non seulement la santé physique, mais aussi certains de nos comportements. Comprenons d’où vient notre identité avec le docteur Alena Majdling, spécialiste en gynécologie médicale.
Dans notre société, hommes et femmes sont souvent mis en opposition, ce qui peut parfois créer une certaine rivalité. Pourtant, si nous sommes différents, nous sommes davantage complémentaires qu’opposés. La complémentarité est à distinguer de l’uniformité. Nul besoin, en effet, d’être identiques pour être égaux.
L’homme et la femme sont biologiquement différents. D’ailleurs, en médecine, ces différences vont influencer la manière dont on va vivre la santé, la maladie, la guérison. Je crois que ces différences ne sont pas un obstacle, mais plutôt une richesse voulue par Dieu. Une des premières différences, qui est peut-être un petit peu basique mais qu’on a parfois tendance à oublier, se trouve sur le plan génétique. Une femme est définie par un chromosome XX et un homme XY. On a cette empreinte dans chacune de nos cellules, de notre ADN, qui est une sorte de carte de notre identité. Il y a donc vraiment une différence qui est pensée dès que l’on est un fœtus, un bébé. Ces différences ne sont pas seulement génétiques, elles sont aussi hormonales. On sait qu’il y a des hormones féminines et des hormones spécifiquement masculines. Ces hormones-là vont influencer notre voix, les caractères sexuels, notre taille, notre biologie, mais également nos comportements. C’est ça qui fait nos grandes différences.
Égalité et uniformité sont deux notions vraiment différentes. Cette uniformité voudrait qu’on efface toutes nos différences, alors que pour moi, Dieu nous a créés différents, mais égaux. Jésus était vraiment un révolutionnaire à ce niveau-là, puisqu’il disait lui-même qu’il n’y a plus ni hommes ni femmes. Il nous considérait donc différents, mais égaux et avec la même dignité.
On a tous une certaine personnalité, un caractère qui nous est propre et qui va induire nos comportements. Sommes-nous le fruit des gènes que nous ont transmis nos parents ou plutôt celui de l’environnement dans lequel nous avons évolué ?
L’épigénétique est une notion très récente. C’est la génétique au-dessus des gènes. Comme je le disais, la génétique correspond à nos chromosomes. Notre environnement, c’est-à-dire ce que l’on mange, ce que l’on vit, des traumatismes mais aussi des événements positifs de notre vie, vont aller modifier l’expression de nos gènes. Certains gènes vont être activés, d’autres inhibés en fonction de ce que l’on va vivre au quotidien. On sait, par exemple, que la dépression peut être le résultat de ce qu’on appelle une alimentation trop méthylée, c’est-à-dire tout ce qui est légumes verts. Face à une agression ou à un stress, on sait qu’on répond à 80 % par l’épigénétique et seulement à 20 % par la génétique. Je crois qu’on naît donc effectivement avec un génome, mais qu’on a aussi le pouvoir en tant qu’individu de modifier l’expression de nos gènes.
Hommes et femmes sont donc différents et pourtant complémentaires, non seulement dans leur manière d’être, mais aussi dans la façon dont ils gèrent leurs émotions. D’après une étude publiée par l’UNICEF, près de 40 % des adolescents souffrent d’angoisse et, parmi eux, 60 % sont des filles.
Les neurosciences montrent qu’il y a des variations entre le fonctionnement et le développement des cerveaux chez les petits garçons et chez les petites filles. Si l’on regarde un cerveau travailler, on observera des différences entre l’homme et la femme. L’amygdale cérébrale est une petite glande à la base du cerveau, qui régule toutes les émotions. Celle-ci n’est pas utilisée de la même manière chez les garçons et chez les filles. Par exemple, face à un stress, chez les filles, on voit que cette petite glande va échanger beaucoup d’informations avec tout le reste du cerveau, alors que chez le garçon, il y a beaucoup moins d’informations libérées à tout le reste du cerveau. C’est comme si, chez la femme, face à un stress, il fallait que tout le cerveau soit informé de toutes les dimensions émotionnelles de la situation, alors que chez le petit garçon, il y avait plus de recul pour qu’il puisse voir les autres dimensions qui seraient cachées par trop d’émotions. Chez les petites filles, les œstrogènes, qui sont les hormones de la fille, vont aller jouer sur cette amygdale. En fonction des périodes de la vie, de la puberté, de la périménopause, du postpartum, ces hormones vont être plus ou moins activées. Et donc, l’émotion et la sensation de stress ou d’angoisse vont varier entre ce que va ressentir une petite fille et un garçon.
Les émotions varient donc en fonction du sexe, des moments clés de notre vie, mais également de notre maturité cérébrale.
Le cerveau est un peu comme un muscle. Mais on sait qu’il y a un moment où il arrive à maturité et que celui des petites filles va arriver plus tôt à maturité que celui des petits garçons. Finalement, on arrive à une maturité globale autour de 25 ans en général, même si, bien évidemment, le cerveau va continuer à se développer au fur et à mesure du temps.
Je crois que ces différences ont toujours été voulues par Dieu, depuis notre naissance et jusqu’à notre mort. Je crois qu’on peut vraiment en faire un atout, chercher quelles sont nos différences pour pouvoir en faire une force majeure et un travail d’équipe.
Une émission de Phare FM.
