Sorti en salle le 5 novembre prochain, le documentaire Baroudeurs du Christ nous emmène aux confins du monde et de l’âme humaine. À la rencontre entre civilisations, croyances et modes de vie, nous suivons ceux qui traversent les continents, poussés par une quête plus grande qu’eux. Derrière la caméra, Damien Boyer capte l’engagement de prêtres missionnaires portés par une foi ardente. Explorons la genèse du projet et les choix de tournage ayant donné naissance à ce film bouleversant. Avant de partir en tournage, il y a forcément une étincelle, une idée, un désir qui germe.
J’avais eu l’occasion de faire toute une série sur les dernières tribus du monde, qui s’appelle « Tribale poursuite ». Et ceux qui m’ont permis d’atteindre les tribus les plus reculées n’étaient pas les anthropologues, mais les missionnaires. Pourquoi ? Parce qu’ils savent apprendre la langue et ont tellement d’amour pour les peuples, qu’ils sont de vrais relais. C’est donc à l’âge de 25 ans, lors de mes premiers tournages, que j’ai découvert cette force des missionnaires, cet engagement. La deuxième chose, c’est que j’ai réalisé un film qui s’appelle « Sacerdoce » sur la vie des prêtres en France, et j’ai voulu aller plus loin pour montrer la vie de chrétiens missionnaires, qui quittent leur pays, leur culture pour aller annoncer ce qui leur paraît être la vraie bonne nouvelle. Voilà les deux intuitions de départ.
Le film nous fait voyager à travers le monde, en Inde, au Cambodge ou encore à Taïwan. Sa réalisation a nécessité de choisir les pays, les missions et les prêtres.
J’ai choisi en fait une société missionnaire de 70 prêtres qui sont sur le terrain et qui sont connus pour être des gars de la baroude, des gars de la débrouille, qui n’auraient pas été forcément de bons prêtres en France, dans un diocèse classique, parce qu’ils ont besoin d’aventure, d’exploration. On les a tous eus au téléphone, on a travaillé à distance et on a sélectionné 5 prêtres par rapport à leur œuvre ou à leur ministère. L’un d’eux est en Inde et a repris les clés de la Cité de la Joie, que beaucoup connaissent par le livre et le film. Un autre a monté une déchetterie avec des personnes handicapées mentales et physiques. Un autre accueille des Nord-Coréens exfiltrés pour leur faire découvrir la liberté. Un autre est à Madagascar, dans les zones tribales, avec tous les enjeux de l’animisme. Ils sont tous les cinq très différents, avec des âges et des styles différents, pour montrer la variété de cette mission. Le tournage a duré un mois et demi, à différentes périodes pour être au bon moment, au bon endroit. Le montage a duré pratiquement 2 000 heures. Ça fait une production qui s’est étalée sur 4 ans.
Le père Will Conquer est l’un des baroudeurs du Christ. Accepter d’être suivi par les caméras de Damien Boyer et d’être mis en lumière au travers de ce documentaire n’a pas été une évidence.
C’est surprenant parce que ce film montre cinq figures de prêtres si différentes, que les gens se demandent si on est de la même communauté. En fait, on s’adapte tous aux réalités auxquelles on est envoyés, en Inde, à Madagascar, en Corée ou au Cambodge. On s’adapte à la mission que l’Église nous confie. Quand on m’a demandé de faire ce film, je ne pensais pas être très représentatif. Je suis prêtre d’un tout petit pays qui s’appelle Monaco, je suis dans une petite mission au Cambodge. Mais quand on devient missionnaire, on accepte de prendre le risque de s’exposer. Il ne faut pas avoir peur, si c’est pour la cause de l’Évangile.
Baroudeurs du Christ a été filmé au plus près de l’humain et touche par son authenticité. Pour permettre ces échanges et ces moments intimes, la caméra a dû se faire discrète. Ces missionnaires se dévoilent sur grand écran et pourtant leur travail n’est pas sans risque dans ces pays.
L’enjeu est vraiment d’être d’abord des amis pour comprendre les enjeux et pour qu’ils nous parlent vrai. Je pense qu’on a réussi à obtenir des séquences vraiment authentiques. Que ce soit sur les barques flottantes, dans la jungle, ou dans les zones tribales sèches des déserts malgaches, il faut être avec eux et disparaître en même temps. C’est toujours incertain, des fois même un peu dangereux. On a failli prendre des coups à certains endroits, mais ça en vaut tellement la peine pour raconter une histoire. Et vous verrez, il y a des histoires incroyables. Je pense notamment à un homme qui a tué son propre père et qui va découvrir un prêtre qui le prend comme son fils. C’est hallucinant et digne des plus grands films de fiction, mais c’est la réalité.
Depuis 360 ans, 4 000 prêtres ont été envoyés et quasiment 200 d’entre eux ont été martyrs, assassinés, pendus ou brûlés. C’était hyper violent. On les appelle les martyrs rouges. Aujourd’hui, c’est une autre forme de souffrance, lorsqu’ils quittent la famille, la patrie, la culture, parce que quand ils partent, ils partent à vie. On les appelle les martyrs blancs. Qu’est-ce que ça veut dire ? L’ennui, la lenteur de la mission, être considérés comme dérangeants pour une culture, alors qu’ils amènent quelque chose de beau, peut être tellement fatigant que ça peut amener une petite mort à soi-même. C’est ce dont on parle dans le film : c’est aussi difficile que magnifique. Comme on veut être vrai, on raconte aussi les difficultés de la mission.
Le père Will Conquer nous explique en quoi ce film a pour vocation d’inspirer les spectateurs.
Ce film parle d’un engagement, un engagement à la suite du Christ. Le Christ n’est pas venu nous sauver à distance, mais il est venu cheminer avec nous et changer notre itinéraire. La question est : quel chemin est-ce que chacun veut suivre ? Un chemin de facilité ou le chemin que le Seigneur nous montre ? Es-tu prêt toi aussi à t’engager ? Il faut choisir si on veut zapper ou passer la seconde et mettre le pied à l’étrier de la mission qui nous invite à rejoindre l’aventure. Si d’autres partent à l’autre bout du monde pour être un missionnaire, ne pourrais-je pas juste aller au coin de la rue pour commencer ?
N’oubliez pas de prier pour nous et pour la mission. Et surtout priez pour qu’une nouvelle génération de missionnaires se lève, qui se rende compte que la France est un pays aimé de Dieu. Quand on a beaucoup reçu, on est invité aussi à beaucoup donner.
Un podcast de Phare FM

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
