Dans toute l’Afrique, le paysage religieux est en train de changer de manière significative. Alors que les dénominations traditionnelles luttent pour maintenir leur influence, une nouvelle vague d’églises émerge, caractérisée par un leadership dynamique et une réactivité aiguë aux questions sociétales contemporaines. Ces églises émergentes redéfinissent la pratique spirituelle sur le continent, présentant à la fois des défis et des opportunités pour la communauté religieuse dans son ensemble.

Les défis posés par les églises traditionnelles

Historiquement, les églises traditionnelles en Afrique, ont joué un rôle central dans les communautés, en offrant des conseils spirituels et un soutien social. Toutefois, ces dernières années, de nombreux paroissiens ont exprimé leur mécontentement à l’égard de ces églises établies, critiquant en particulier l’importance qu’elles accordent à la collecte de fonds et le fait qu’elles semblent se détacher des problèmes quotidiens. Les fréquentes demandes de contributions financières pendant les offices ont conduit à une remise en question plus large de leur pertinence dans le traitement des problèmes de la vie réelle qui affectent leurs congrégations.

L’émergence de nouveaux mouvements

En réponse, pléthore de nouveaux mouvements religieux, principalement au sein de la sphère protestante évangélique, ont vu le jour. Ces mouvements sont dirigés par des leaders charismatiques qui s’attaquent directement aux problèmes auxquels sont confrontés les Africains d’aujourd’hui. Ils abordent des questions pratiques telles que l’emploi, la santé et l’immigration, des sujets qui trouvent un écho chez de nombreuses personnes, en particulier chez les jeunes. Ces leaders emploient un langage accessible et adoptent des méthodes de communication modernes, comme les médias sociaux, pour atteindre un public plus large.

Médias sociaux et évangélisation numérique

La maîtrise de plateformes numériques a transformé ces nouvelles églises en communautés dynamiques qui s’étendent au-delà des frontières physiques. Des leaders comme le pasteur Makosso ont acquis une audience considérable grâce à des plateformes comme Facebook et Instagram, où ils diffusent des messages et interagissent virtuellement avec leurs fidèles. Cette méthode s’est avérée particulièrement efficace pour atteindre les jeunes qui passent beaucoup de temps en ligne.

Les changements de génération et le leadership

Ces nouvelles églises reflètent également un changement générationnel au sein du milieu religieux. Les jeunes dirigeants sont désireux de remettre en question l’immobilisme des églises traditionnelles, en prônant l’abandon des structures hiérarchiques et en ciblant la jeunesse. Ils mettent l’accent sur une approche plus démocratique et plus inclusive, où les jeunes sont encouragés à assumer des rôles de direction et à participer activement aux activités de l’Église.

Formation théologique et doctrine

Un aspect notable de ces nouveaux mouvements est leur approche de la formation théologique.De nombreux dirigeants prônent une doctrine qui met l’accent sur les expériences spirituelles et la révélation personnelle plutôt que sur une formation théologique formelle.Cela a donné lieu à des discussions animées sur la profondeur de leur connaissance doctrinale et sur les implications potentielles pour leurs adeptes.Cependant, cela met également en évidence une tendance croissante vers une forme de christianisme plus personnalisée et expérimentale qui attire ceux qui se sentent déconnectés de la nature institutionnelle des dénominations traditionnelles.

L’émergence de nouvelles églises en Afrique témoigne de la nature dynamique de la spiritualité sur le continent.À mesure qu’ils gagnent en nombre et en influence, ces mouvements poussent les institutions religieuses établies à évoluer et à mieux servir leurs fidèles.Si cette transformation s’accompagne d’une série de défis, elle ouvre également de nouvelles voies à l’engagement spirituel et à la construction communautaire, promettant aux générations futures un paysage religieux plus inclusif et plus réceptif.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Intervenant : Bony Guiblehon