La fondation diaconesses de Reuilly : Un héritage historique

L’auditorium de l’Institut de fomation Caroline Malvezin a reçu Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé et le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France pour que ce dernier remette officiellement le rapport intitulé « Pour davantage d’humanité en fin de vie : interpellations protestantes » . Cet endroit, emblématique de la Fondation Diaconesses de Reuilly, représente une histoire de plus de 180 ans. Créée en 1841 et installée depuis 1843, la fondation a pour mission d’accompagner la vie dans toutes ses dimensions. Les diaconesses, à travers leurs 50 établissements répartis dans toutes les régions françaises, accompagnent la vie quotidienne des personnes. L’institut de formation, quant à lui, prépare les futurs soignants, assurant la continuité de cet engagement. Ce lieu est à la fois historique et symbolique, révélateur de la mission perpétuelle de la fondation d’apporter soins et accompagnement à tous.

Débat sur la fin de vie : perspectives et contributions

Le débat sur la fin de vie et l’aide active à mourir est un sujet sensible en France. En janvier 2019, la Fédération Protestante de France a adopté un texte intitulé « Interpellation protestante sur la prise en charge de la fin de vie ». Ce document propose des éléments de réflexion pour envisager les enjeux éthiques et sociétaux de la fin de vie. Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) a récemment ouvert la voie à une possible évolution législative. Cette perspective pourrait faire entrer la France dans le cercle des pays autorisant l’aide active à mourir, marquant une rupture civilisationnelle importante. Les discussions portent sur la nécessité d’accompagner les mourants tout en envisageant la possibilité d’un don de la mort. La Fédération Protestante de France travaille activement à une contribution protestante au débat citoyen en cours, prenant en compte les récentes évolutions et l’impact de la pandémie sur la perception de la fin de vie.

Témoignages et enjeux éthiques

Le rapport de la Fédération Protestante de France inclut des témoignages comme celui de Martine, atteinte de sclérose latérale amyotrophique. Son parcours illustre les défis quotidiens et les souffrances des patients en fin de vie, tout en mettant en lumière l’importance des soins palliatifs et de l’accompagnement. La société française est divisée sur la question de l’aide active à mourir. D’un côté, des organisations professionnelles représentant plus de 800 000 soignants et le Conseil National de l’Ordre des Médecins rejettent cette pratique, soulignant les risques éthiques et la protection des personnes vulnérables. De l’autre, la Convention Citoyenne sur la Fin de Vie, composée de 194 citoyens, a exprimé une majorité en faveur de l’aide active à mourir, sous conditions strictes.

Comme l’explique Christian Krieger, les protestants doivent être sensibles à la responsabilité personnelle et à la protection des plus vulnérables. La Fédération Protestante de France plaide pour le développement d’une véritable culture des soins palliatifs en France, soulignant que l’offre actuelle est insuffisante et non accessible sur l’ensemble du territoire. Ils appellent à une meilleure formation du personnel de santé, à une information publique accrue et au développement de la recherche en soins palliatifs. L’idée d’un droit opposable d’accès aux soins palliatifs, afin de garantir une égalité d’accès partout et pour tous, est également mise en avant.

Enfin, la commission éthique et société de la Fédération Protestante de France propose une évolution législative pour mieux encadrer la fin de vie, en affirmant qu’il est essentiel de développer une réelle pédagogie de la loi de sédation profonde et continue et des soins palliatifs avant toute modification législative. Ils estiment qu’il est temps de mettre en œuvre une loi de programmation pluriannuelle pour l’accompagnement du grand âge et de la fin de vie, prenant en compte les dimensions psychologiques, sociales et médicales, afin de rendre plus de dignité aux personnes âgées et en fin de vie et d’éviter que le droit de mourir ne devienne une obligation implicite.