Dans cette deuxième partie de conférence, le théologien Martin Kopp, dresse une analyse lucide de la crise écologique actuelle, articulée autour de causes matérielles, systémiques et spirituelles.

Premier constat : pour bien agir, il faut d’abord bien comprendre comment nous en sommes arrivés là. Martin Kopp propose une lecture rigoureuse, en s’appuyant notamment sur l’équation d’Ehrlich (Impact = Population x Abondance x Technologie), un outil synthétique pour comprendre les déterminants de l’impact écologique.

Depuis 1950, l’humanité connaît une « grande accélération » : population multipliée par trois, richesse par dix, alors que les gains technologiques en efficacité restent faibles. Cette dynamique exponentielle mène à une pression écologique insoutenable, illustrée par une croissance explosive des émissions de gaz à effet de serre, de la déforestation tropicale et de l’usage des ressources.

À cette analyse s’ajoute une lecture des inégalités climatiques. Les 10 % les plus riches génèrent à eux seuls près de la moitié des émissions mondiales, alors que la moitié la plus pauvre n’en produit que 8 %. Les investissements dans les énergies fossiles se poursuivent à grande échelle : 7000 milliards de dollars ont été injectés par les 60 plus grandes banques depuis les Accords de Paris, tandis que les financements promis aux pays du Sud peinent à être mobilisés.

Mais la crise ne se limite pas à des chiffres. Elle trouve aussi ses racines dans l’imaginaire occidental : une vision du monde anthropocentrée, consumériste, héritée du christianisme mal interprété et de la modernité philosophique. L’être humain s’est placé au-dessus de la nature, vue comme exploitable, féminisée, colonisée. Ce modèle s’est structuré autour de dominations croisées : capitalisme, patriarcat et colonialisme.

Martin Kopp appelle à un changement de paradigme intégral. Il plaide pour une « écologie intégrale » où les dimensions spirituelles, sens, direction, sensibilité, complètent l’analyse matérielle. Il insiste sur la responsabilité des croyants : pas pour sauver le monde seuls, mais pour témoigner d’une foi incarnée dans la justice écologique. Face au découragement croissant des militants climatiques, il appelle à un « engagement dégagé » : juste, libre de l’obsession du résultat, fondé sur l’espérance et la dignité de l’action juste, même sans garantie de succès.

En somme, la crise écologique n’est pas seulement une crise du climat, mais une crise de civilisation, de sens et de justice. Elle nécessite une transformation profonde, systémique et spirituelle, ancrée dans la lucidité, la colère juste et la persévérance.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Martin Kopp
Technique : Jean-Luc Mouton, David Gonzalez, Horizontal Pictures

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