Le 17 mars dernier, je terminais mon billet sur Vladimir Poutine par ces mots : « On n’ose imaginer, un jour, un Donald Trump lui tenant tête. Pauvre monde ! » Nous y sommes. Personne n’a voulu y croire, et, même si Hillary Clinton l’a emporté d’un nombre conséquent de suffrages exprimés, il a été élu. Les gros bras sont aux manettes, ces hommes qui pensent que la force est un idéal, la surenchère toujours possible, la complexité des analyses inutile. À Poutine qui aime sortir ses muscles, au sens propre, va répondre une star de la télé-réalité, qui n’a eu de cesse d’exhiber sa fortune, sa vulgarité, son sexisme et son racisme… Ces deux-là se réjouissent de se retrouver face-à-face. Si Poutine se rêve en tsar et cherche à étendre son influence en Syrie, en Ukraine et ailleurs, Trump sera-t-il pris des mêmes désirs de grandeur ?

Pendant sa campagne, il a dit le contraire, jouant la carte de l’isolationnisme et du repli sur soi. Mais qui va gouverner ? L’homme des outrances et des dérives ou celui du premier discours, rassembleur et modéré ? Nul ne le sait, tant Trump est ambivalent, imprévisible, pourfendeur de la mondialisation, tout en produisant dans des usines chinoises. […]