Ma génération, comme celle de mes parents, a été marquée par un rêve magnifique : la création de l’Union européenne, une entité sans précédent ni commune mesure dans l’Histoire et le reste du monde. Un ensemble de pays qui s’étaient massacrés décidaient de tourner la page et de faire route ensemble. Quelle merveille quand on pense à toutes ces guerres meurtrières qui rythment le passé, à Verdun il y a un siècle à peine !
Cette utopie a été – paradoxalement – le socle solide sur lequel se sont bâties tant de réalisations et de promesses : l’abolition des frontières, la libre circulation des personnes, la monnaie unique. Les jeunes d’aujourd’hui, les plus chanceux d’entre eux, les considèrent comme faisant partie intégrante de leur vie de nomades. Erasmus, un temps menacé, devrait être au contraire ouvert à tous.
Fallait-il que les Pères fondateurs soient fous pour poser les premières pierres de ce bel édifice ? Au fil du temps et des élargissements successifs, celui-ci s’est lézardé. Pouvait-il en être autrement ? C’est pourquoi il a tant besoin de figures charismatiques, les Adenauer et Schuman du XXIe siècle. […]