Le livre de l’Exode appelle à ne pas opprimer l’immigré, et ceux du Lévitique et du Deutéronome demandent de l’aimer. Si la Bible donne ces commandements, c’est que ces attitudes ne sont pas spontanées. Claude Lévi-Strauss a montré que le plus naturel chez les peuples, c’est de se méfier de l’étranger, de considérer qu’il n’a rien à faire chez nous, d’avoir peur qu’il menace le monde dans lequel nous vivons. Cette méfiance, nous la trouvons dans le livre d’Esdras qui ordonne l’expulsion des femmes étrangères. Je me suis longtemps demandé ce que ce livre faisait dans le canon.
L’histoire est la suivante. Après le retour d’exil, le peuple est dans une grande précarité économique et sociale. Lors d’une assemblée, Esdras prononce une longue prière de repentance. Le peuple est en larmes lorsqu’un chef prend la parole et propose la mesure xénophobe dont on ne sait si elle a été appliquée.
Le récit nous appelle à ne pas nous laisser conduire par nos émotions lorsque ces dernières sont traversées par la peur. Quand un peuple est fragilisé dans son histoire et son identité, il peut se laisser aller à adopter des attitudes injustes. […]