Ma génération n’avait pas connu la guerre, elle se sentait à l’abri, privilégiée, différente. Fille de l’Europe, je suis née l’année des accords d’Évian. Jeune, je me suis indignée contre la faim dans le monde et la montée du racisme. Mais je n’avais pas peur, j’espérais, vivant en direct et en images, la chute du mur de Berlin et la libération de Mandela.

Pourtant il y eut la rue des Rosiers et la FNAC de la rue de Rennes, la crainte déjà. Les attentats avaient surgi dans nos vies paisibles. Et puis, en 2001, alors que j’habitais Washington, ce fut la stupeur, des avions transformés en bombes, des tours qui s’écroulent, comme se désagrègent les rêves d’un monde meilleur.

Les années filent, on oublie, un temps. Et la réalité revient, tel un boomerang. 7 janvier 2015, Charlie Hebdo. 9 janvier l’Hyper Casher. Depuis le Bataclan et les cafés de Paris. Mais aussi le Liban, l’Égypte, la Tunisie, le Mali. […]