Par Jean-Marie de Bourqueney, directeur du journal Réforme

La multiplicité des crises modernes

Peut-on vivre sans crise ? Tout être humain traverse des moments de crise. On parle même de crise d’adolescence. Depuis quelques années, nous avons le sentiment que les crises s’accumulent comme un chapelet : crise écologique, crise sanitaire, crise financière. Il y a quelques années, nous avons connu la crise boursière, et aujourd’hui, en France, s’ajoute désormais la crise démocratique. Tout le monde la qualifie ainsi. Mais peut-on vivre sans crise ? Est-ce possible ? Peut-on imaginer un monde sans crise ? Certains philosophes, peut-être un peu utopistes, ont évoqué la possibilité d’un monde sans crise.

Les textes bibliques sont remplis de narrations de crises. Les mythes de la création commencent par Adam et Ève qui mangent le fruit défendu, entraînant une crise et leur expulsion de l’Éden. Ensuite, il y a le meurtre de Caïn et Abel, puis le Déluge. Même dans les textes mythologiques, les crises sont omniprésentes. L’exode du peuple hébreu commence par une crise en Égypte, et la Terre Promise, ce pays où coulent le lait et le miel, est idéalisée comme un monde sans crise. L’exil à Babylone pendant 50 ans au 6e siècle avant Jésus-Christ est une autre crise majeure.

Les crises personnelles et collectives dans la Bible

Il y a aussi les crises plus personnelles. Le prophète Élie se réfugie dans la montagne par peur. Le récit de Job est un conte philosophique et spirituel où cet homme traverse une crise de souffrance absolue sans explication. Dans les Évangiles, Jésus rencontre souvent des personnes en situation de crise : handicap, maladie. Paul, lorsqu’il écrit aux différentes églises, décrit des situations de crise. Le chapitre 15 du livre des Actes raconte comment les premiers chrétiens se rencontrent pour régler une crise. L’histoire chrétienne est remplie de ces situations de crise : la Réforme, le schisme de 1054, etc.

Mais la question est de savoir ce que nous faisons de nos crises. Le théologien Pierre Bühler a publié un article dans Réforme sur la situation de crise. Il évoquait la crise sanitaire et expliquait que le mot « crise », en grec « krisis », signifie discernement, jugement. Une crise est un passage obligé, qui peut nous faire grandir ou non.