De l’émotion, il y en a eu. Travaillant derrière mon écran, samedi 15 octobre, je n’ai pu m’empêcher de pleurer en écoutant, à la radio, Cyndi évoquer les six membres de sa famille morts, perdus, assassinés. Comment ne pas avoir la gorge serrée à l’énoncé des 86 prénoms et âges ? Il nous fallait écouter. Comme il y a quinze ans déjà, il avait fallu nommer toutes les victimes de l’attentat du World Trade Center. Comme en novembre, il faudra redonner l’identité des morts – et des blessés– du Bataclan, de l’Hypercasher. Comme à Yad Vashem, il faut nommer, toujours nommer, égrener une litanie insoutenable…
Pourtant, après mes larmes, m’est resté un goût amer, une intense frustration. Car si provoquer de l’émotion est facile en demandant à Julien Clerc d’entonner une chanson, si belle soit-elle, analyser, expliquer est autrement plus exigeant. […]