Depuis trois semaines, la laïcité est en débat. Il suffit de voir le nombre d’articles consacrés à cette question, à commencer par l’éditorial de Charlie Hebdo. Le protestantisme a sa pierre à apporter à cette question, notamment parce qu’il s’est construit sur des valeurs qui sont les mêmes que celles de la laïcité : l’importance donnée à l’individu, à son esprit critique et à la liberté de conscience.
Pour nous aider à penser cette laïcité, nous nous appuierons sur Paul Ricœur qui fait la distinction entre deux usages de ce terme : la laïcité de l’État et celle de la société civile. La première se définit par l’abstention. L’article 2 de la loi de 1905 dit que la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. Le corollaire de la liberté religieuse est que l’État n’a pas de religion : on est en présence d’un agnosticisme institutionnel.
Aux côtés de cette laïcité de l’État, il existe, du point de vue de la société civile, une laïcité de débat qui peut se mesurer à la qualité de la discussion publique. Elle repose sur le droit d’exprimer ses opinions et le devoir d’écouter les opinions de l’autre, chacun ayant la possibilité de dire pourquoi et en quoi il croit, et pourquoi et en quoi il ne croit pas. […]