L’épuisement de la vie moderne

« En tant qu’accompagnant spirituel, il m’arrive souvent d’être abordée par des êtres en mal de vie, dans un épuisement complet, que ce soit face à la dureté de la vie, aux exigences du travail, à un devoir permanent de performance et d’efficacité. On parle beaucoup de burn-out aujourd’hui, cet épuisement moral, physique et spirituel face à cette efficacité permanente. La performance est devenue le dieu de notre société, au point d’inventer un vilain mot, « performer ». Si le travail vient à manquer, soit par la maladie, soit par la retraite, soit par la crise, la vie semble perdre tout son sens.

Souvent, la religion a insisté en disant que le travail était une bénédiction. Dès lors, quand je n’ai plus de travail, suis-je un maudit de Dieu ? Dernièrement, une expression m’a heurté de plein fouet. Quelqu’un m’a dit : « Je déteste le mot ‘gagner sa vie’. Pourquoi gagner sa vie ? Ma vie, je ne l’ai pas demandée, je l’ai reçue. Ma vie est un don, alors j’ai à la recevoir et peut-être, sans doute, à l’honorer. »

Le repos, fondement de l’existence

« Jésus dira : « À quoi sert-il à un être de gagner le monde entier s’il perd son âme ? » Et tout à coup, je découvre dans le récit de la Genèse un texte fondateur. Alors que Dieu a créé le monde, il termine par l’apothéose, la création de l’être humain, et il crée le sabbat. Le sabbat, c’est un jour de repos, le premier jour de l’être humain. L’être humain commence sa vie par un repos. C’est fantastique, et après vient le labeur.

Mais qu’a fait notre société ? Le repos est seulement pour couronner un labeur bien accompli. Il faut d’abord travailler, quitte à s’épuiser, et alors le repos devient justifié, récompensant un travail bien accompli. On a tout inversé. La Genèse ne dit pas cela. Le travail n’est pas là pour fonder l’être. Le sabbat est un jour de repos pour goûter la réalité de la vie, la relation à soi, à l’autre, et au tout autre, ainsi que la beauté qui nous entoure. »

La course à la performance, même à la vieillesse

« Aujourd’hui, même nos vieux, on les veut actifs, jeunes, et toujours bronzés. On veut qu’ils soient dans la course de la vie jusqu’à leur dernier souffle. Combien de fois ai-je accompagné des personnes âgées qui disent : « J’en ai assez. Mes enfants et petits-enfants me veulent toujours actif. Moi, j’ai besoin de me poser, de repenser et de réfléchir à ma vie pour y trouver un fil rouge, pour donner du sens, une direction et une saveur à tout ce que j’ai vécu. »

Ces personnes ont besoin de réfléchir, de repos, mais on leur interdit ce repos. C’est un peu comme dans une cour d’école. Quand un enfant quitte le jeu, tous se liguent pour le ramener dans le jeu parce qu’en quittant, il discrédite le jeu lui-même. Forcer nos vieux à être toujours actifs, jeunes et bronzés, c’est certainement avoir une trop haute opinion du jeu de la vie et du jeu qu’on leur propose. »

Production : Adventistes FFS
Réalisation : Jéthro Camille – adventiste.org