La réforme du droit du travail présente un de ces mélodrames dont notre pays est si friand, avec son lot d’avancées, de reculades, et de prises de position qui sont autant de façons de se marquer dans un jeu de billard à plusieurs bandes. On pourrait en sourire si l’enjeu n’était pas si important. La question de fond est celle du conflit d’intérêts entre la protection des salariés et la réduction du chômage. Ces deux objectifs sont souhaitables, mais malheureusement contradictoires. L’Allemagne et l’Angleterre ont un taux de chômage inférieur au nôtre, mais au prix d’un droit du travail moins protecteur, et de rémunérations parfois indignes.
Lorsque, dans sa tribune dans Le Monde, Martine Aubry écrit que « la gauche doit porter en la matière de grandes réformes sources de compétitivité pour les entreprises et de progrès social pour les salariés », elle se garde bien de préciser quelles sont ces grandes réformes. Une telle affirmation relève de l’incantation idéologique car, si une telle politique existait, quel gouvernement, de droite ou de gauche, refuserait d’associer la compétitivité des entreprises et le progrès social ? […]