Les défenseurs de l’accueil des réfugiés affirment que l’immigration peut être une chance. Il est vrai que l’accueil et la rencontre de l’étranger peuvent être une richesse. Le mot hôte est intéressant en français, car il est double : il signifie à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu. Cette ambivalence est pleine de sens, car elle induit que l’accueillant et l’accueilli sont le revers et l’avers d’une réalité unique qui est celle de la rencontre. Lorsque l’épître aux Hébreux dit : « Pratiquez l’hospitalité ; car en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges », elle évoque cette inversion. Les Syriens, des anges ? Et si nous changions de regard ?
L’accueil peut être une chance… mais il peut aussi être difficile à porter. Ils n’ont pas tort ceux qui disent que notre pays est en lourdes difficultés économiques, et qu’à la différence de l’Allemagne les logements sont chers et le chômage élevé. À ceux-là, il faut dire que l’accueil des réfugiés est aussi une obligation morale, car quelle est l’alternative ? Renvoyer les gens chez eux ? Leur proposer de retourner en Syrie ? Les forcer à choisir entre un tyran qui utilise l’arme chimique contre son peuple et l’État islamique qui est une des pires dictatures religieuses qu’on puisse imaginer ? Est-ce que ceux qui refusent l’accueil sont conscients de ce qu’ils proposent ? Seraient-ils prêts à raccompagner les déboutés dans leurs maisons dévastées, et de leur dire au revoir en les regardant dans les yeux ? […]