Pour Valérie Duval-Poujol, théologienne et vice présidente de la Fédération protestante de France (FPF), le protestantisme apporte deux contributions essentielles pour plus de fraternité et de solidarité en France : la promotion de la fraternité humaine, enracinée dans la croyance que toutes les personnes sont créées à l’image de Dieu, et la reconnaissance du fait que la fraternité doit également inclure les femmes et leur rôle en tant qu’agents de changement.

Valérie Duval-Poujol souligne le lien étroit qui existe entre la fraternité et la lutte contre les violences fondées sur le genre, en particulier les violences domestiques, les violences sexuelles et les féminicides. Elle a rappelé les statistiques alarmantes : une femme est agressée sexuellement toutes les trois minutes, un féminicide a lieu tous les deux jours, et 200 000 femmes sont victimes de violences domestiques chaque année en France. Ces questions, affirme-t-elle, représentent un « éléphant dans la pièce » qui doit être abordé directement.

La communauté protestante, note-t-elle, joue un rôle essentiel dans cette lutte, non seulement en soutenant les associations et les initiatives pertinentes, mais aussi en prenant des mesures au sein de ses propres institutions. Elle mentionne l’importance pour les églises d’adopter des protocoles et des codes éthiques pour prévenir les abus sexuels dans leurs rangs. La FPF, par exemple, lance une ligne d’assistance téléphonique pour aider les victimes, et des mesures sont prises pour veiller à ce que les plaintes déposées contre des membres du clergé soient traitées de manière appropriée.

Valérie Duval-Poujol souligne que, dans ce contexte, la fraternité n’est pas seulement un idéal abstrait, mais qu’elle doit se manifester par des actions concrètes. Il s’agit notamment de mettre fin à l’impunité qui permet à ces violences de perdurer, de mettre en œuvre les mesures recommandées par la commission française sur l’inceste (CIIVISE) et de veiller à ce que la société écoute et croie les victimes. Selon la théologienne, ignorer ces questions coûte à l’Etat français la somme de 9 milliards d’euros par an, ce qui met en évidence l’impact sociétal de cette violence omniprésente.

Valérie Duval-Poujol appelle à un effort collectif et proactif pour mettre fin à la violence fondée sur le genre, invitant la communauté protestante et la société dans son ensemble à prendre leurs responsabilités et à agir de toute urgence pour créer un monde plus sûr et plus juste pour tous.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Valérie Duval-Poujol
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag