« L’ignorance conduit à la servitude. » Jean Baubérot a utilisé ce précepte de la morale laïque de la IIIe République en conclusion de son nouveau livre sur la laïcité. Peut-on inverser la proposition et affirmer que la connaissance conduit à la liberté ? Nous voulons le croire.
La semaine dernière, nous avons salué la création d’une chaire du Collège de France consacrée à l’histoire du Coran. La leçon inaugurale a eu lieu le jour même où des milices islamistes assassinaient 142 étudiants à l’université de Garissa, en visant particulièrement les chrétiens. Parce que le Kenya est plus au sud que la Tunisie, on a moins parlé de ce massacre que de l’attentat du musée du Bardo qui déjà avait suscité moins de solidarité que Charlie. Notre capacité d’indignation a ses critères géographiques. C’est pourtant, si nous y réfléchissons bien, le même symbole qui était visé. En s’en prenant successivement à la presse, à la culture et à la connaissance, les terroristes ont montré leur vrai visage, un cocktail de haine, de férocité et d’obscurantisme. Ils ont aussi désigné leurs véritables ennemis : la liberté, l’histoire et l’esprit critique. […]