Le président Hollande a cherché à fédérer un consensus national en constitutionnalisant la lutte contre le terrorisme. Il s’est pris les pieds dans le tapis, et nul ne sait ce qu’il adviendra du projet de réforme de déchéance de la nationalité. Tout le monde est d’accord pour dire que c’est une question de symbole, car la menace n’aura aucun effet dissuasif sur des terroristes potentiels. Quand on touche à un symbole, il faut le faire avec beaucoup de précautions. Sans entrer dans les positionnements politiciens, nous pouvons marquer deux réserves face à ce projet.

A-t-on demandé aux doubles-nationaux ce qu’ils en pensaient ? Un article paru dans le journal turc Zalman montre comment ils se sentent pointés du doigt par ce projet de loi. Le binationalisme est une richesse en ce qu’il est le signe d’une identité multiple, il risque de devenir un sujet de suspicion en faisant des binationaux des Français moins français que les autres. Les étrangers qui se sont intégrés ont été une richesse pour notre pays. À l’heure où cette intégration est plus difficile, ce n’est pas le moment de la fragiliser avec ce qui ne pourra être perçu que comme un soupçon. L’Évangile nous appelle à regarder le monde à partir d’en bas, de la perspective des petits, des fragiles, des sans-pouvoirs. Nous devons les écouter avant de toucher à une partie de leur identité. […]