18.04.2021 : Luc 24.35-48 – L’apparition du ressuscité

L’apparition du ressuscité aux disciples

Introduction

Le premier verset de notre passage est le dernier du récit de l’apparition de Jésus aux pèlerins d’Emmaüs. Jésus a disparu au moment où il se révélait aux pèlerins dans la fraction du pain. Au moment où les pèlerins témoignent de ce qu’ils ont vécu aux disciples, Jésus se présente au milieu d’eux.

Le récit d’Emmaüs a eu lieu ce même jour, c’est-à-dire le jour de la résurrection. Ce récit est donc parallèle au récit de l’apparition de Jésus de l’évangile de Jean que nous avons médité la semaine dernière.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Partage des poissons

Lorsque Jésus se manifeste à ses disciples, il leur montre ses mains et ses pieds pour signaler la matérialité de la résurrection. Pour souligner qu’il n’est pas un pur esprit, il partage avec eux un morceau de poisson grillé.

Plusieurs disciples étaient pêcheurs et le poisson renvoie à leur réalité quotidienne. En partageant avec eux un poisson grillé, Jésus les rejoint dans leur vie de tous les jours.

Il leur ouvrit l’intelligence

Les disciples connaissent les Écritures, mais ils n’ont pas encore l’intelligence des Écritures. Il existe plusieurs formes d’intelligences : l’intelligence rationnelle de la logique, mais aussi l’intelligence des relations, de la musique, du bricolage, des langues étrangères… À toutes ces intelligences, notre texte ajoute l’intelligence des Écritures qui consiste à entrer dans la logique de la Parole afin de comprendre le monde comme l’Écriture le comprend. C’est à cette intelligence que nous sommes appelés à travers la méditation des Écritures.

Pistes d’actualisation

1er thème : Lecture des Écritures de Jésus

Dans le récit des pèlerins d’Emmaüs, Jésus a montré aux disciples tout ce qui le concernait dans les Écritures[1]. Dans celui-ci, il leur ouvre l’intelligence en évoquant ce qui est écrit à son sujet dans la Loi, les Prophètes et les Psaumes.

Les Pères de l’Église ont entrepris une lecture typologique du Premier Testament en relisant certains passages comme des préfigurations du Christ (Sacrifice d’Isaac dans la Torah, Chant du serviteur d’Ésaïe dans les prophètes, Psaume 22 dans les Psaumes). Au-delà de cette lecture, on trouve dans les Écritures l’image d’un Dieu qui fait alliance avec son peuple, qui le libère et qui le relève dans ses épreuves. Le Christ, sa mort et sa résurrection peuvent être interprétés comme le jusqu’au bout de cette entrée de Dieu dans le monde.

2e thème : Il est écrit que le Christ souffrirait et qu’il se relèverait d’entre les morts

Avant la croix, Jésus a annoncé à plusieurs reprises sa passion, mais les disciples ne l’ont pas entendu. Un verset de l’évangile de Luc dit : « Ils n’y comprirent rien ; le sens de cette parole leur restait caché ; ils ne savaient pas ce que cela voulait dire[2]. » Pourquoi Jésus a-t-il annoncé sa passion si les disciples ne pouvaient comprendre ce qu’il disait ? Pour que plus tard, lorsque les événements seront arrivés, les disciples aient la mémoire des annonces, et que cela les porte. Il est plus facile de traverser une épreuve quand on sait qu’elle a été annoncée car nous savons que nous demeurons dans la main de Dieu.

3e thème : Le changement radical pour le pardon des péchés

Le ressuscité envoie ses apôtres partager la Bonne Nouvelle du changement radical pour le pardon des péchés.

Dans le judaïsme, le mot qui désigne le changement radical (ou conversion) est teshouva, il vient du verbe shouv qui veut dire revenir. La conversion ne consiste pas dans l’adhésion à une vérité qui est extérieure au sujet, mais dans la redécouverte d’une vérité qui était première en lui. Lorsque Paul a été visité par le Christ, il persécutait les chrétiens, c’est pourtant lui qui a été appelé. Il a entendu que Dieu l’aimait alors qu’il le persécutait et qu’il l’avait mis à part depuis le ventre de sa mère[3]. C’est ce sentiment d’avoir trouvé sa vraie identité qui lui a fait dire : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis ».

Cette libération n’a pas été un oreiller de paresse : « Sa grâce envers moi n’a pas été inutile ; au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous ; non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi[4]. » La parole de pardon sur son histoire l’a conduit à être témoin.

Une illustration

À propos de la façon dont la mort et la résurrection sont annoncées dans les Écritures, je ne m’arrêterai pas sur un passage particulier, mais sur une lecture générale.

L’histoire du Premier Testament évoque un certain nombre de chutes : Le déluge, la servitude en Égypte, l’exil, qui sont suivis de relèvement : La vocation d’Abraham, la libération d’Égypte, le retour d’exil. Il évoque l’histoire de notre monde comme une série d’effondrements suivis de recommencements. Le couple passion-résurrection récapitule ces tensions. Il nous dit une histoire traversée par des grands malheurs, mais suivis de relèvements car le mal n’est jamais le dernier mot de l’histoire.

[1] Lc 24.27.

[2] Lc 18.34.

[3] Ga 1.15.

[4] 1 Co 15.10.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Luc 24, 36-48 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-15-avril-jesus-se-montre-a-disciples/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis