Le mot avent a la même étymologie que le mot aventure, les deux sont orientés vers ce qui advient. Quand Dieu vient à nous, c’est toujours une aventure. La foi n’est pas une possession, mais une attente, un désir, une ouverture. Le malheur de notre monde, c’est lorsque toutes nos faims sont assouvies, ce qui nous imperméabilise à toute quête de Dieu et du prochain.
Les temps liturgiques correspondent à un découpage pédagogique qui nous invite, pendant une période de l’année à être particulièrement attentifs à une dimension de la foi.Les quatre semaines qui précèdent Noël forment le temps de l’avent. Le mot avent évoque l’attente de Dieu. Il a la même étymologie que le mot aventure, les deux sont orientés vers ce qui advient. Quand Dieu vient à nous, c’est toujours une aventure.Un des récits les plus touchants de l’évangile est celui de la présentation de Jésus au temple et de la bénédiction du sage Siméon : la rencontre du nourrisson et du vieillard ! De Siméon, l’évangile dit : Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Siméon attendait la consolation d’Israël. Il était vieux, mais il attendait ; ses cheveux blancs ne l’avaient pas aigri, il avait su conserver l’espérance. Parce qu’il attendait, l’Esprit saint reposait sur lui.Un jour, un homme est allé voir un ermite pour lui demander comment grandir dans la foi. L’ermite a pris un verre et une cruche d’eau puis il a versé l’eau dans le verre. Quand le verre est rempli, le sage continue à verser, si bien que l’eau déborde. L’homme dit au sage d’arrêter et l’ermite répond : « Tu es comme ce verre, parce que tu es plein, tu ne peux rien recevoir. Commence par cultiver le creux, l’attente, par ne pas colmater tes failles… alors peut-être libéreras-tu une place pour que l’Esprit puisse te visiter. »Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux est consacré à la foi. Il évoque l’exemple de plusieurs personnages du Premier Testament. Il commence par cette définition : « La foi est la réalité de ce qu’on espère, l’attestation de choses qu’on ne voit pas. » Ce qui définit la foi, c’est l’espérance, l’attente : la réalité de ce qu’on espère.Le chapitre se poursuit en évoquant la vie de Abel, Noé, Abraham et Sara. À leur sujet il dit : « C’est selon la foi que tous ceux-là sont morts, sans avoir obtenu les choses promises ; cependant ils les ont vues et saluées de loin, en reconnaissant publiquement qu’ils étaient étrangers et résidents temporaires sur la terre. » Pour ces hommes de la Bible, la foi n’a pas été une possession, mais une attente. Ils n’ont pas obtenu ce qu’ils attendaient, mais ils sont restés fidèles à leur désir de Dieu.Un sage a dit que l’enfant qui venait de naître avait les poings serrés alors que le vieillard qui rendait son dernier souffle avait les mains ouvertes. Selon cette illustration, l’enjeu de la vie est d’apprendre à passer des poings serrés aux mains ouvertes. Les poings serrés symbolisent le fait de vouloir tout saisir alors que les mains ouvertes représentent la disponibilité, l’accueil… l’attente.Oscar Wilde a écrit : « En ce monde, il n’y a que deux tragédies. L’une consiste à ne pas obtenir ce qu’on désire et l’autre à l’obtenir. Cette dernière est de beaucoup la pire – cette dernière est une réelle tragédie. » La tragédie, c’est d’avoir tout ce qu’on désire.Oscar Wilde nous rappelle qu’une des grandes bénédictions de notre humanité est que le Père Noël n’existe pas. Imaginez la catastrophe que serait notre vie si le Père Noël existait, s’il suffisait de demander quelque chose pour qu’on l’obtienne. Immédiatement, on partirait en vacances sur une île paradisiaque, on aurait une merveilleuse maison avec des tas d’objets inutiles dedans… et très vite la vie perdrait de son sel. Le malheur de notre monde, c’est lorsque toutes nos faims sont assouvies, ce qui nous imperméabilise à toute quête de Dieu et du prochain.Pour terminer, une illustration biblique.
Les premiers hommes qui ont reçu le faire-part de la naissance du fils de Dieu sont les bergers. Pourquoi des bergers ? Lorsque les anges ont été envoyés pour annoncer aux humains la naissance du sauveur, comme ils étaient paresseux, ils ont commencé par le plus facile, ils ont essayé d’aller prévenir les habitants de Bethléem. Quand ils sont apparus dans le ciel, personne ne les a remarqués parce que tout le monde était enfermé chez soi en train de regarder la télévision. Ils étaient déçus, car ils avaient une grande nouvelle à faire partager et personne n’était disponible pour l’accueillir. C’est alors qu’un des anges a dit : « Là-bas, dans la campagne, je sais qu’il y a des bergers qui veillent. Comme ils n’ont pas la télévision, ils ont souvent les yeux dans les étoiles. Comme ils sont en quête, peut-être qu’ils seront prêts à entendre la nouvelle qu’on doit annoncer aux hommes. » |
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Texte : Antoine Nouis
Présentation : Gérard Rouzier
Cette vidéo est une rediffusion du 1er décembre 2017.