Les héros de la foi
« Il est vrai que nous vivons tous avec la figure du héros. C’est vrai en politique, et on le voit aujourd’hui en France avec une forme de déception. Mais en fait, ce héros, cet homme providentiel, ou cette femme – et c’est souvent un homme – finit souvent par nous décevoir, l’histoire l’a prouvé. Mais au-delà de la situation politique, est-ce que cette figure du Sauveur, de l’improvidentiel, de ce super héros n’est pas constitutive de notre vie ? Lorsque nous sommes enfants, nous nous identifions à des super-héros qui viennent sauver le monde. Pourquoi pas ? Lorsque nous devenons adultes, parfois nous restons un peu enfant et nous aimons ces films qui nous montrent des personnes, parfois même des êtres fantastiques, qui viennent sauver le monde. Mais n’y a-t-il pas aussi une dimension religieuse dans cet élément-là ? »
Le culte des saints
« Effectivement, par exemple, prenons un mot, le mot de saint. Dans le catholicisme et même derrière, dans l’Islam, il y a dans beaucoup d’endroits en Islam le culte des saints. Dans le catholicisme aussi. Pourquoi ? Parce que les saints, ce sont les héros de la foi. Ce sont ces personnes qui justement nous permettent de nous identifier à ce que nous pourrions ou devrions faire. Sauf que dans le protestantisme, nous refusons ce culte des saints avec l’idée qu’il n’y a pas d’intermédiaire entre Dieu et nous. Le saint, dans le catholicisme, est celui qui va intercéder pour nous, celui qui est proche de nous, d’accord, mais qui va prier à notre place. Or, c’est ce que nous refusons puisque nous disons que chaque être humain, chaque croyant, prie directement Dieu et est en relation directe avec Dieu. Mais ce saint, ce héros de la foi, n’est-il pas non plus une figure à laquelle nous pouvons nous identifier ? »
La communion des saints
« Nous ne prions pas les saints. Et en même temps, si on revient au texte biblique, le mot de saint est bien employé, mais il ne désigne pas un héros, un super pouvoir, une figure providentielle. Il désigne ce qui appartient à Dieu. Et Paul, l’apôtre Paul, emploie ce mot régulièrement pour dire que les saints, ce sont les chrétiens, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à Dieu. Plus tard, dans le christianisme, on a développé cette idée de communion des saints, c’est-à-dire être en relation avec ceux qui nous ont précédés et ceux qui vont nous suivre. Il y a là une notion à revisiter : être en relation avec ce dont nous héritons, des valeurs et de leurs témoignages, mais aussi être en relation avec ceux qui vont nous suivre, parce que le monde que nous allons leur laisser, c’est bien nous qui le leur laissons. Donc, l’écologie, la situation sociale, etc. Cette communion des saints est une manière de nous repenser dans l’histoire, non pas avec des héroïsmes, non pas avec des figures providentielles, mais nous sommes tous des saints. C’est la communion des saints. Nous sommes tous, au fond, des sauveurs. »