21.06.2021 : Marc 4.35-41 – Tempête apaisée

Jésus apaise une tempête

Introduction

Dans le passage de l’évangile que nous avons médité la semaine dernière, nous avons entendu un appel à la confiance avec la parabole de la plante qui pousse toute seule, même quand le semeur dort. Dans la nuit qui suit, Jésus dort au milieu de la tempête, mais pas les disciples qui luttent contre les vents contraires. C’est alors que leur confiance est mise à l’épreuve.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Les disciples et la navigation

La mer de Galilée est basse (200 mètres au-dessous du niveau de la mer) et entourée de hautes collines, ce qui favorise les changements de temps. Les tempêtes s’y lèvent rapidement. Parmi les disciples plusieurs étaient pêcheurs (Mc 1.16-20), ils connaissent la dangerosité des tempêtes et la gravité de la situation.

Il faut ajouter qu’Israël n’était pas un peuple marin ; l’eau, c’est le lieu de froid, du ténébreux, du mouillé ; dans le Premier Testament, la mer est peuplée de monstres infernaux et de puissances maléfiques.

La nuit

Le soir de ce même jour, les disciples vont vers l’autre rive. Le mot autre évoque l’inconnu, le non-familier. Et on peut se poser la question : pourquoi le soir ? Ils auraient pu attendre le lendemain, d’autant qu’ils devaient être fatigués. L’épisode se passe de nuit et la nuit est le temps des ténèbres et métaphoriquement de l’absence de Dieu. Mais dans la Bible, c’est aussi la nuit où Dieu a conclu son alliance avec Abraham (Gn 15,12), où Jacob a lutté avec l’ange avant de recevoir un nouveau nom, Israël (Gn 32,25), et où la loi a été donnée à Moïse au mont Sinaï (Ex 20,21). En cela, nous pouvons dire que la nuit s’apparente au désert qui est à la fois le lieu de l’épreuve et celui d’une compréhension nouvelle de Dieu.

Pistes d’actualisation

1er thème : Éloge du sommeil

Une tempête est toujours bruyante, les vents hurlent, les vagues déferlent, le capitaine crie ses ordres aux marins… et l’eau remplit le bateau. Où est Jésus ? Il dort. Ce verset joue sur le contraste entre la terreur des disciples et le sommeil de Jésus, le fracas de la tempête et le calme du dormeur.

Les évangiles évoquent deux types de sommeil, le sommeil de la confiance et le sommeil du paresseux ; le sommeil du Christ au cœur de la tempête et le sommeil de disciple qui ne peut veiller avec Jésus à Gethsémané. C’est ce premier sommeil dont il est question ici. Jésus met en application ce qu’il a enseigné dans la parabole de la semence qui pousse toute seule. Une fois que la semence a été semée, elle se déploie, même quand le semeur dort. Jésus a semé, il peut se reposer… même au milieu de la tempête.

2e thème : Le contraire de la foi, ce n’est pas l’incroyance, mais la peur

Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous peureux ? N’avez-vous pas encore de foi ?

La peur est le contraire de la foi parce qu’elle est un manque de confiance et qu’elle paralyse. Dans la parabole des talents, le serviteur qui a caché son talent est celui qui avait peur.

Le commandement : N’ayez pas peur ! est celui qui est le plus souvent répété dans le Nouveau Testament. Jésus n’a pas eu peur de toucher le lépreux (Mc 1.41), de partager la table d’un collecteur des taxes (Mc 2.15), de guérir une main atrophiée le jour du sabbat (Mc 3.1-5) ; dans la suite, il n’aura pas peur de la femme atteinte d’une perte de sang (Mc 5.34), des religieux et de leurs traditions (Mc 7.6-8), des chiens de la Cananéenne (Mc 7.27-29) ; il n’aura pas peur des marchands du Temple, du parfum de grand prix, de Judas, de Caïphe et de Pilate. Il nous invite à entrer dans la confiance qui était la sienne : Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice. (Mt 6.33)

3e thème : La crainte de Dieu et celle des hommes

Après que Jésus a calmé la tempête, ils furent saisis d’une grande crainte. Cette crainte n’est plus celle de la tempête, mais la crainte de Dieu dont le Psaume déclare qu’elle est le commencement de la sagesse. (Ps 111.10)

Cette crainte se retrouve tout au long des évangiles, depuis l’annonce aux bergers à la découverte du tombeau vide en passant par les différentes guérisons. Cette crainte vient de la prise de conscience que Dieu n’est pas une idée, mais qu’il est le créateur du ciel et de la terre venu rencontrer notre humanité. Elle n’est pas de la peur dans la mesure où je ne dois pas avoir peur de Dieu, elle est un signe de respect.

Une illustration : Qu’est-ce que la crainte de Dieu ?

Un enseignement de la tradition soufie raconte qu’un maître demande un jour à ses disciples en quoi consiste la véritable crainte de Dieu. Ils répondent : « À aimer Dieu ». Le maître secoue la tête et dit : « Pas au sens qu’on donne habituellement à l’expression « aimer Dieu ». Car celui qui dit : « J’aime Dieu », se trouve encore sous la contrainte. Vous devez dire : « Je crois fermement que Dieu m’aime ». Telle est la véritable crainte de Dieu. »

Quand on y pense, croire que Dieu m’aime et qu’il se préoccupe de la toute petite personne que je suis : il y a de quoi avoir peur ! Et cette peur est bonne !

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis