30.04.2023 : Jean 10.1-10 – La porte de l’enclos

Jésus est la porte

Introduction

Dans les chapitres qui précèdent, Jésus s’est opposé aux religieux dans le récit de la femme adultère et dans la guérison de l’aveugle de naissance. Jésus récapitule cette opposition en faisant l’opposition entre les bandits et les voleurs d’un côté, et le bon berger et la porte de l’autre.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Les voleurs et les bandits

Dans le contexte de cette partie de l’évangile de Jean, les voleurs et les bandits sont les religieux qui sont enfermés dans leurs œillères spirituelles. Ils ne cherchent pas l’épanouissement spirituel du troupeau, mais à maintenir les moutons sous leur autorité, ce sont des voleurs de spiritualité et de liberté, des bandits qui exploitent les moutons au lieu de les faire grandir.

Ce verset est à mettre en rapport avec ce que Jésus dit dans l’évangile de Matthieu : Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières (Mt 23.14).

Le berger des moutons

Depuis le Psaume 23, le Seigneur est mon berger, la figure du berger est une métaphore pour parler de Dieu. Il est marqué dans ce texte par la proximité avec ses moutons qui reconnaissent sa voix.

À la différence des voleurs et des bandits, le berger n’a pas besoin d’escalader la clôture, il peut entrer par la porte, car tout le monde le connaît. L’opposition entre le voleur et le berger – celui qui entre en cachette et celui qui passe par la porte – recoupe l’opposition entre l’obscurité et la lumière qui traverse le quatrième évangile. Le vrai berger agit en transparence, il n’a rien à cacher.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le berger appelle les moutons par leur nom

Le berger appelle ses propres moutons par leur nom. Le prophète Ésaïe disait déjà, au nom de Dieu : Sois sans crainte, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom : tu es à moi ! (Es 43.1).

 Dans la Bible, le nom est plus qu’une façon de nommer une personne. Être appelé par son nom évoque le fait d’être reconnu, accepté et accueilli dans son être le plus intime. On sait alors qui on est. On fils et fille de la résurrection.

À la fin de cet évangile, lorsque Marie rencontre le ressuscité, elle pense que c’est le jardinier. C’est lorsque ce dernier l’appelle par son nom : Marie ! qu’elle reconnaît que c’est Jésus (Jn 20.16).

Quand on se sait appelé de la sorte, on peut sortir et affronter les risques du dehors.

2e thème : C’est moi qui suis la porte

Après la métaphore du berger qui sera reprise dans le texte qui suit, la métaphore de la porte. Par une porte on peut entrer, mais aussi sortir, circuler entre l’enclos et le pâturage. On n’a pas besoin de sonner pour entrer ni de demander l’autorisation pour sortir, on est chez soi.

Lorsque Jésus déclare : Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, il parle d’un salut qui ne consiste pas à entrer dans une maison pour y rester enfermé, mais à être suffisamment construit intérieurement pour pouvoir entrer et sortir. La marque du salut est la liberté.

L’Église du Christ n’est pas un enclos dans lequel on est enfermé, c’est un espace protégé dans lequel on peut entrer et sortir pour découvrir de nouveaux pâturages.

3e thème : La vie en abondance

Dans ce temps de Pâques, l’Église propose à notre méditation ce récit dans lequel Jésus déclare qu’il est venu pour que nous ayons la vie en abondance.

Le berger qui est la porte ne veut pas nous diriger pour nous restreindre, mais nous appeler pour que nous ayons une vie qui déborde. Le terme abondance, évoque le superflu, le gratuit, le généreux, c’est une image de la grâce : nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce (Jn 1.16).

La promesse d’une vie en abondance devient un critère pour évaluer une parole spirituelle ou une Église : Est-ce qu’elle apporte de la vie ou de l’enfermement ?

Une illustration : Pourquoi suivre Jésus ?

Lorsque Jésus déclare que les moutons entendent la voix du berger, il nous invite à faire confiance à mon intuition. Le théologien Joseph Doré a posé la foi comme une parole qu’au fond de nous on sait vraie : « Mettre au centre le petit, le faible, le rejeté… Inverser l’ordre, tous les ordres : “les premiers seront les derniers et les derniers premiers“, les voleurs et les prostituées passeront devant les gens de bien et les honnêtes femmes. Mourir d’une mort abjecte, exposé aux rires et aux crachats, comme un criminel, alors qu’on n’a fait que “passer en faisant le bien“, et offrir cette mort comme signe de la victoire sur le mal, sur tout le mal… tout en moi veut que cela soit vrai. »

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis