23.05.2021 : Actes 2.1-11 – La Pentecôte
Le vent de Pentecôte
Introduction
Dans l’évangile de Jean, nous avons déjà médité le récit où Jésus envoie l’Esprit à ses disciples le soir de la Résurrection, elle a lieu ici cinquante jours plus tard. Les deux récits sont vrais dans la mesure où l’envoi de l’Esprit est à la fois l’aboutissement de la résurrection à la fin de l’évangile et le commencement de l’histoire de l’Église, au début des Actes des Apôtres.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
La Pentecôte dans le Premier Testament
Le sens de la fête de la Pentecôte a évolué avec le temps. Initialement, il s’agissait d’une fête des moissons. L’offrande des prémices était un signe de gratitude pour la récolte. Progressivement cette fête a évolué vers la fête de l’alliance conclue par Dieu avec Noé qui intègre la promesse de la fécondité de la nature. Cette fête de l’alliance a elle-même évolué vers la célébration de l’Alliance avec un grand A, le don de la Torah. Dans une perspective chrétienne, l’Esprit est le canal par lequel la parole nous rejoint et prend son autorité.
Les images qui parlent de l’Esprit
Pour évoquer l’Esprit, notre texte utilise deux images pour dire l’indicible : le vent et le feu : le premier rafraîchit, le second réchauffe.
Les métaphores du vent et du feu utilisées dans le livre des Actes pour évoquer l’Esprit se trouvent dans les évangiles. Le Baptiseur avait annoncé que Jésus était celui qui baptisera dans l’Esprit saint et le feu et, dans sa rencontre avec Nicodème, Jésus a dit : Le vent souffle où il veut…, il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. Le vent désigne la liberté de l’Esprit qui ne peut être enfermé, et le feu la chaleur et la lumière qu’il procure.
Pistes d’actualisation
1er thème : La rouah dans le Premier Testament,
Le mot hébreu pour dire l’Esprit est rouah mais dans le Premier Testament, la rouah ne renvoie pas à la présence divine. La Bible parle d’une rouah de prostitution[1], de jalousie[2], d’impureté[3] ou de mensonge[4]. Si nous traduisons rouah par esprit, il ne faut pas confondre esprit et Esprit saint. L’Esprit est la force de la rouah quand elle est au service de la sainteté, c’est-à-dire au service de l’Évangile, d’une parole de grâce et de libération.
Ce jour-là à Jérusalem, les apôtres ont reçu un souffle qui leur a permis de sortir de la pièce dans laquelle ils étaient enfermés pour rendre témoignage à tous les pèlerins qui étaient rassemblés à Jérusalem.
2e thème : Tous étaient stupéfaits et perplexes
La première qualité de l’Esprit est de créer l’étonnement, d’apporter de la nouveauté. Les pèlerins qui ont fait le voyage pour aller à Jérusalem sont dans une routine religieuse, dans la répétition d’un rite qui se renouvelle toujours à l’identique lorsqu’ils sont surpris par un souffle un vent qui les décoiffe.
Accueillir l’Esprit, c’est se préparer à être étonnés. Pour nous, à entendre ce matin l’évangile comme la nouvelle la plus importante qui n’a jamais été dite à notre vie. Entendre le Seigneur nous dire : Aujourd’hui, je fais toutes choses nouvelles.
3e thème : Ces gens ne sont-ils pas tous Galiléens ?
Pour les religieux orthodoxes, les Galiléens étaient mal vus, c’était des hommes du nord qui étaient considérés comme des mauvais croyants car venant d’un lieu où les populations sont mélangées et où on doit faire des compromis avec la Torah.
C’est de l’extérieur des cadres religieux habituels que vient le souffle de nouveauté qui va être à l’origine de l’Église. Souvent, c’est de l’autre, de l’étranger, que vient la grâce et la nouveauté.
Une Église qui vit la Pentecôte est une Église qui écoute ce qui se passe à ses marges, car c’est bien souvent de là que Dieu parle.
Une illustration
Le propre du vent est qu’on ne peut pas l’enfermer. Si un homme sort par un jour de grand vent avec une boîte, qu’il l’ouvre face au vent, puis la referme promptement pour emprisonner le vent, lorsqu’il rendre chez lui et qu’il ouvre la boîte… il ne se passera rien ! Le vent ne se met pas en boîte ni en conserve, il ne peut se thésauriser.
Comment décrire le vent ? On peut dire : « Le vent est ce qui fait chanter les arbres lorsqu’il passe dans les branches. » On peut dire : « Le vent est ce qui fait danser les blés lorsque la moisson est mûre. » On peut dire : « Le vent est ce qui fait avancer le bateau lorsque la voile est gonflée ». Mais quand on dit cela, on ne décrit pas le vent en tant que tel, on décrit l’action du vent dans les branches, sur les blés ou dans les voiles. Si on ne peut décrire le vent, on peut observer ses effets : « Le vent fait chanter, il fait danser, il fait avancer. » C’est ce que Jésus a annoncé à Nicodème : « Le vent souffle où il veut ; tu l’entends, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit.[5] »
[1] Os 4.12.
[2] Nb 5.14.
[3] Za 13.2.
[4] 1 R 22.23.
[5] Jn 3.8.
Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Actes 2, 1-11 : https://campusprotestant.com/video/venue-de-lesprit-saint/
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis