L’évangile du dimanche du 21 décembre (Matthieu 1.18-24)

L’Évangile selon Matthieu raconte la naissance de Jésus-Christ, vue à travers le regard d’un homme discret mais décisif : Joseph.

Marie est fiancée à Joseph lorsque la nouvelle tombe : elle est enceinte. Joseph sait qu’il n’est pas le père. Face à cette situation explosive, deux options s’offrent à lui. La première est légale et brutale : dénoncer publiquement Marie, l’exposer au rejet social, voire à la mort. La seconde est plus silencieuse : la répudier discrètement. Joseph, décrit comme un homme juste, choisit cette voie. Il décide cependant de laisser passer une nuit avant d’agir.

C’est alors que tout bascule. En rêve, un ange lui apparaît et l’invite à ne pas craindre : l’enfant vient de l’Esprit Saint. Joseph se réveille avec un dilemme supplémentaire : peut-on fonder une décision aussi grave sur un rêve ? Il choisit pourtant de faire confiance. En accueillant Marie chez lui, Joseph opère un geste radical : il privilégie la vie à la loi, la miséricorde à la condamnation.

Ce choix est loin d’être anodin. Dans le contexte de l’époque, l’enfant aurait porté à vie la marque de l’illégitimité. En reconnaissant Jésus, en lui donnant un nom, Joseph lui offre bien plus qu’un toit : il lui donne une place dans l’histoire. Jésus signifie « Dieu sauve ». Ironie fondatrice : avant d’être le Sauveur, Jésus est d’abord sauvé par Joseph.

Personnage secondaire de l’Évangile, Joseph n’en est pas moins essentiel. Matthieu commence son récit avec un Joseph qui offre un berceau, et le termine avec un autre Joseph, d’Arimathie, qui offrira un tombeau. Sans le premier, Jésus n’aurait eu aucune crédibilité ; sans le second, la Résurrection n’aurait pas commencé par un tombeau vide.

Joseph incarne ainsi une hospitalité courageuse : ouvrir sa porte quand tout pousse à la fermer. Un geste silencieux, mais fondateur, qui change le cours de l’histoire.

La deuxième épître aux Romains du dimanche 21 décembre (Romains 1.1-7)

La bonne nouvelle que Paul annonce

Le contexte – l’épître aux Romains

L’épître aux Romains est la seule épître de l’apôtre qui est adressée à une communauté qu’il ne connaît pas, dans une ville dans laquelle il n’est jamais allé. 

Les chrétiens de Rome ont entendu parler de Paul mais la plupart d’entre eux ne l’ont jamais vu, c’est pourquoi il commence par se présenter : Paul, serviteur de Jésus-Christ, apôtre par appel, mis à part pour la bonne nouvelle de Dieu. Paul se présente dans la tension entre serviteur de Jésus-Christ, etapôtre par appel. Le premier titre évoque l’humilité et le second l’autorité. Il aurait de l’arrogance à ne se présenter que comme apôtre, et de la fausse humilité à n’être que serviteur de Jésus-Christ.

Le mot serviteur veut dire esclave au sens premier. Parce qu’il se sait esclave de Jésus-Christ, Paul est libre face à toutes les autorités humaines, c’est cette liberté qu’il développe dans son épître. 

Que dit le texte ? – L’obéissance de la foi

Ces premiers versets sont une confession de foi qui se déroule en trois temps. 

Le Fils est issu de la descendance de David selon la chair. La foi chrétienne s’inscrit dans une histoire. Jésus a été annoncé par les prophètes dans les Écritures saintes. Paul prend soin d’enraciner l’Église dans ses racines juives.

Il a été institué Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, du fait de sa résurrection d’entre les morts. La résurrection marque une rupture dans l’histoire, c’est elle qui témoigne que Jésus est plus qu’un prophète, elle est la marque d’un temps nouveau entre le Seigneur et son peuple. 

La marque de l’apostolat de Paul et de susciter l’obéissance de la foi dans toutes les nations. La singularité du christianisme par rapport au judaïsme est son ouverture vers l’universel.

Ces trois temps marquent la mission de l’Église : être enraciné dans l’attente d’Israël, être témoin de la résurrection, orienter sa mission vers toutes les nations.  

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La foi de Joseph

Le passage de l’Évangile nous rappelle que si le christianisme est né, c’est parce que Joseph a accepté d’écouter un ange qui lui est apparu en rêve lui demandant de prendre Marie chez lui et de devenir le père de l’enfant qu’elle attend. 

Si Joseph n’avait fait le choix de faire confiance à la parole de son rêve, Jésus serait né sans père terrestre et il n’aurait probablement pas pu avoir de parole publique. Le Christianisme s’inscrit dans un mouvement qui commence avec David et qui s’ouvre sur l’universel, mais il n’a été possible que parce qu’un homme a accepté d’accueillir chez lui sa fiancée et l’enfant qu’elle attendait. 

Le livre d’Esaïe du dimanche 21 décembre (Esaïe 7.10-16)

L’annonce d’un fils

Le contexte – L’annonce à un roi terrorisé

Dans la séquence qui précède notre passage, les rois d’Aram et d’Israël se sont coalisés pour attaquer Jérusalem. Achaz, le roi de Juda, est terrorisé, mais le prophète Ésaïe est envoyé pour lui annoncer qu’il n’a rien à craindre et qu’Aram et Samarie seront brisés par plus fort qu’eux. 

La parole du prophète est rassurante : Sois tranquille, n’aie pas peur, que ton cœur ne mollisse pas, mais c’est une chose d’entendre des paroles qui appellent à ne pas s’inquiéter, c’en est une autre de les vivre.

Que dit le texte ? – L’annonce d’un enfant

Ésaïe annonce à Achaz qu’un signe lui sera envoyé : La jeune fille est enceinte, elle mettra au monde un fils et l’appellera du nom d’Immanou-El (« Dieu est avec nous »).

Dans le Premier Testament, le mot signe peut désigner un événement surnaturel, mais pas forcément. Dans le premier récit de création, les astres sont des signes pour le compter les jours (Gn 1.14) et dans le récit du déluge, l’arc-en-ciel est le signe de l’alliance (Gn 9.12). Dans l’histoire d’Abraham, la circoncision est le signe de l’alliance (Gn 17.11). Dieu peut faire signe par un événement « ordinaire ». Quoi de plus ordinaire que la naissance d’un enfant, et quoi de plus extraordinaire que la naissance d’un enfant ?

Avec la naissance de cet enfant, Achaz doit entendre un signe d’espérance, de vie, de fécondité, l’attente d’un avenir, car toute naissance est un événement spirituel, toutes les mères pourraient appeler leur enfant Immanou-El.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’annonce à Joseph

Matthieu interprète la naissance de Jésus comme l’accomplissement de la prophétie faite à Achaz. Il cite ce passage d’Ésaïe : La vierge sera enceinte ; elle mettra au monde un fils et on l’appellera du nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous.

Le texte hébreu ne parlait pas d’une vierge, mais d’une jeune fille nubile. C’est lorsque la Bible hébraïque a été traduite en grec dans la Septante que le mot jeune fille a été rendu par vierge et c’est sur cette traduction que s’appuie Matthieu.

Cette différence de traduction nous invite à ne pas nous focaliser sur la virginité de Marie au moment de la naissance de Jésus, mais sur le fait que cette naissance est la réponse de Dieu à l’attente de son peuple. 

Il peut nous arriver de vivre des épreuves aussi angoissantes que celle d’Achaz quand son royaume était menacé par ses voisins, la réponse de Dieu se trouve dans la vie qui continue. La vie de Jésus ne va pas éliminer le mal dans le monde, elle nous assure de la présence d’un Dieu qui est à nos côtés jusqu’à la fin du monde.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis