L’évangile du dimanche du 4 janvier (Matthieu 2.1-12)
L’épître aux Ephésiens du dimanche 4 janvier (Ephésiens 3.2-6)
Le mystère de l’universel
Le contexte – L’épître aux Éphésiens
L’épître aux Éphésiens est une épître de captivité qui a été écrite alors que Paul, ou le disciple qui signe pour lui, est en prison.
Alors que Paul est enfermé dans une cellule de quelques mètres carrés, son épître souligne la grandeur du Christ qui était en Dieu avant la fondation du monde en qui tout sera récapitulé à la fin des temps. Cette vision glorieuse du Christ dans l’histoire se déploie aussi dans la théologie puisque les non-juifs ont un même héritage, sont un même corps et participent à la même promesse, en Jésus-Christ, par la bonne nouvelle.
L’épître est une invitation à élargir l’espace de son regard, de sa foi et de sa prière avant de mieux comprendre ce que pourrait être la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur… de l’amour du Christ qui surpasse la connaissance de sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu (Ep 3.18-19).
Que dit le texte ? – Le mystère révélé à Paul
La grande question théologique qui s’est posée à la première Église est celle de la place des non-juifs en son sein. Soit l’Église restait comme un mouvement au sein du judaïsme et les non-juifs devaient devenir juifs avant d’être chrétiens et devaient donc se faire circoncire et respecter les prescriptions alimentaires. Soit rien de tel ne devait être imposé aux non-juifs et l’Église sortait du giron du judaïsme pour être une nouvelle expression religieuse.
Paul a été un des artisans de la position ouverte, il nous apprend dans ce passage que par révélation que ce mystère a été porté à ma connaissance. Dans le vocabulaire du Nouveau Testament, un mystère n’est pas une énigme, c’est le fruit d’une révélation particulière. Comme le disait le théologien Fritz Lienhard : « Quand vous avez résolu une énigme, elle cesse d’être énigmatique. Un mystère, plus vous l’approfondissez, plus c’est un mystère. » Autrement dit, on n’a jamais fini de méditer cet élargissement.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Les mages
Cet élargissement qui a été pensé par Paul est aussi annoncé dans l’évangile de Matthieu sous forme narrative lorsque l’évangéliste raconte l’histoire mages idolâtres qui se sont agenouillés devant le Christ alors que les scribes qui avaient la connaissance sont restés enfermés dans leurs bibliothèques à Jérusalem.
Le récit des mages comme le passage des Éphésiens nous parlent d’un Dieu qui est plus grand que les murs dans lesquels nous avons tendance à l’enfermer. Ils nous appellent à élargir l’espace de notre foi et de notre théologie.
Le livre d’Esaïe du dimanche 4 janvier (Esaïe 60.1-6)
Esaïe 60.1-6 – Que Jérusalem jubile !
Ouvrir les yeux
Le contexte – Le livre d’Ésaïe
La deuxième partie du livre d’Ésaïe avait annoncé le retour des exilés avec des accents lyriques : Oui, vous sortirez dans la joie et vous serez conduits dans la paix ; les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains (Es 55.12). Mais nous savons que dans la réalité, le retour a été plus laborieux.
D’abord tous les exilés ne sont pas revenus. Certains s’étaient bien insérés à Babylone comme le montre de livre de Daniel qui montre que certains Judéens ont été les proches conseillers du roi et qui raconte dans sa partie rédigée en grec l’histoire de Suzanne dont le mari avec une maison entourée d’un parc dans lequel les Babyloniens aimaient se promener. Une communauté prospère est restée à Babylone et c’est dans cette ville qu’a été mis par écrit le principal Talmud qui est la mise par écrit de la tradition orale des maîtres du judaïsme.
Ensuite les exilés de retour ont trouvé une ville qui portait les séquelles du sac de Nabuchodonosor et qui était habitée par des familles qui ont vu d’un mauvais œil le retour des anciens propriétaires, au point que des lettres de dénonciation ont été envoyées aux rois de Perse.
Le texte de cette semaine se trouve dans la troisième partie du livre d’Ésaïe qui évoque la période de la difficile installation des exilés à Jérusalem.
Que dit le texte ? – Lève les yeux
Quand on est dans les difficultés, il est toujours bénéfique de lever les yeux pour s’élever au-dessus des nuages et voir plus loin. Alors que les exilés de retour peuvent avoir le sentiment qu’ils se sont trompés et que leur combat est vain, le prophète les invite à prendre de la hauteur : Certes, les ténèbres couvrent la terre et une obscurité épaisse recouvre les peuples ; mais sur toi le Seigneur se lève, sur toi sa gloire apparaît… Lève les yeux et regarde tout autour : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils arrivent de loin, tes filles sont portées sur la hanche. Parfois il faut les yeux de la foi pour voir l’œuvre de Dieu s’accomplir malgré les difficultés rencontrées. Cette espérance se déploie dans deux directions.
Des nations marcheront à ta lumière. Dans l’histoire, Jérusalem a plutôt été un objet de convoitise qu’un phare pour les nations. La ville est dévastée, petite et pas très riche, mais elle brillera de la gloire du Seigneur.
Tu seras couverte d’une foule de chameaux… ils porteront de l’or et de l’encens. Non seulement des nations marcheront vers Jérusalem, mais ils apporteront des richesses pour le relèvement et la gloire de la ville.
Ceux à qui ces promesses étaient adressées ont dû les accueillir comme un puissant encouragement pour rester dans la fidélité malgré les difficultés.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Les mages
Matthieu a interprété la prosternation des mages devant Jésus et leur offrande d’or et d’encens comme un accomplissement de la prophétie d’Ésaïe.
C’est à chaque époque de relire les promesses de Dieu pour voir comment elles s’accomplissent dans son temps. Aujourd’hui encore nous pouvons demander au Seigneur d’ouvrir nos yeux et nos oreilles pour entendre le témoignage d’hommes et de femmes qui sont étrangers à l’Évangile mais qui par leur humilité et leur générosité sont des témoins de la grâce.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Christine Pedotti, Florence Taubmann
