06.08.2023 : Mt 17.1-9 – Transfiguration

Introduction

Les premiers mots de notre passage sont : six jours après. Cette introduction fait une suture entre ce récit et ce qui précède. Or le récit qui précède constitue un des tournants de l’évangile, c’est la confession de foi de Pierre : Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant, suivie de la première annonce de la passion et de l’appel à porter sa croix.

Après avoir déployé l’évangile de la croix, le récit de la Transfiguration parle de l’évangile de la gloire. Dans le quatrième évangile, c’est sur la croix que Jésus est glorifié.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Une expérience spirituelle

Le récit multiplie les expériences spirituelles : le rayonnement du visage de Jésus, plus la présence de Moïse et Élie, plus la nuée, plus une voix qui annonce que Jésus est le fils bien-aimé.

On a le sentiment que le Saint-Esprit utilise tous les moyens qu’il a en magasin pour s’adresser aux trois disciples qui l’accompagnent.

Le message de ce récit à cet endroit de l’évangile est que celui qui vient d’annoncer qu’il serait crucifié est bien le fils de Dieu qui vient accomplir la première alliance.

La transfiguration

Le verbe transfigurer (metamorphoô) signifie étymologiquement, changer de forme. Le visage de Jésus évoque sa personnalité, il s’est mis à briller comme le soleil. Son vêtement symbolise l’identité, et il est devenu blanc comme la lumière, ce qui lui donne une dimension angélique, à l’image de l’ange du Seigneur qui a annoncé aux femmes que Jésus s’était relevé d’entre les morts (Mt 28.3-6).

Maintenant que Jésus a annoncé sa passion, il peut se révéler pour ce qu’il est en vérité :  celui qui vient le Dieu du ciel et de la terre au monde.

Pistes d’actualisation

1er thème : Moïse et Élise

Dans la pensée religieuse de l’époque, Moïse représente la Loi qui est le signe de l’alliance entre Dieu et son peuple. La loi est au cœur de l’identité d’Israël.

Élie représente la prophétie qui est l’actualisation de la loi. Dieu a envoyé des prophètes pour dire les exigences de la justice et de la fidélité lorsqu’elles avaient été oubliées.

Moïse et Élie évoquent la loi et les prophètes, les deux premières parties de la Bible hébraïque. Leur présence auprès de Jésus est l’annonce que c’est bien lui qui vient assumer toute l’attente et l’espérance de la première alliance.

2e thème : Le Gloire de Dieu

Dans le récit de la Transfiguration, Jésus est glorifié, il peut l’être maintenant qu’il a annoncé sa passion.

Dans la Bible, la gloire d’une personne, c’est la révélation de son être le plus intime, le plus profond. La gloire de Jésus, c’est que la croix n’est pas la défaite de son ministère, mais son accomplissement.

Comme l’a écrit le théologien Jürgen Moltmann : « Quand la gloire de Dieu resplendit sur le visage de celui qui a été crucifié par la Loi et par les puissances de ce monde, la Loi et ces puissances ne sont plus souveraines, elles ne sont plus à craindre ni à honorer. La gloire du Dieu crucifié conduit logiquement au renversement de toutes les valeurs. »

3e thème : Le secret messianique

En redescendant de la montagne, les disciples doivent repenser à ce qu’ils ont vécu. Après l’annonce de la passion, la transfiguration les a fait entrer dans le cœur de la manifestation de Dieu. Ils ont eu le privilège d’entrer dans l’intimité de Dieu.

En redescendant de la montagne, Jésus leur donne une consigne de discrétion :  Ne parlez à personne de cette vision jusqu’à ce que le Fils de l’homme se soit réveillé d’entre les morts. Le couple annonce de la passion/transfiguration ne peut se comprendre que comme annonce du couple crucifixion/résurrection. Tant que Jésus n’est pas crucifié/ressuscité, la transfiguration risque d’être mal interprétée. C’est pourquoi les disciples sont appelés au silence.

Il est des vérités qui ne peuvent être dites qu’à ceux qui sont arrivés à une certaine maturité spirituelle.

Une illustration : La révélation de Dieu

Un des passages du Nouveau Testament qui a la plus grande densité spirituelle est l’hymne de Philippiens 2 qui évoque le mouvement d’un Christ qui était l’égal de Dieu et qui est devenu le dernier des humains, c’est pourquoi il a été souverainement élevé.

C’est par son abaissement qu’il a été élevé à l’image de ce passage. C’est après avoir annoncé la croix qu’il a été transfiguré :

Lui qui était vraiment divin, il ne s’est pas prévalu d’un rang d’égalité avec Dieu, mais il s’est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains ; reconnu à son aspect comme humain, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort la mort sur la croix.

C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu, le Père (Ph 2.6-11).