L’évangile du dimanche 1 décembre
Luc 21.25-36 – Le règne est proche, alors priez
Veillez et priez
Introduction
Nous sommes le premier dimanche de l’avent. Le mot avent à la même étymologie que aventure, les deux sont orientés vers ce qui advient. Quand Dieu vient à nous, c’est toujours une aventure.
Ce premier dimanche de l’avent nous rappelle que ce qui vient c’est la terreur et l’angoisse. Ce texte nous rappelle s’il en était besoin que l’histoire est tragique. Nous sommes invités à nous armer pour traverser l’épreuve.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
1 – Signes cosmique
Notre texte parle de signes cosmiques : des signes qui apparaissent dans le soleil, la lune et les étoiles, de puissances des cieux qui sont ébranlées et du Fis de l’homme qui vient sur une nuée. Ils appartiennent au langage de l’Apocalypse qui utilise un vocabulaire codé pour parler des épreuves de notre temps. Le temps parle d’une explosion finale à la fin des temps, mais des différentes épreuves que nous sommes appelés à traverser. Pour la première Église, ce fut la persécution puis chaque époque a eu son lot. Quelles sont les épreuves de notre temps ? À quelles résistances sommes-nous appelés ?
2 – Image du figuier
Le figuier est un arbre qui symbolise souvent Israël dans le Premier Testament. Il donne des fruits délicieux et a une ombre rafraîchissante. Dans cet évangile, Jésus avait raconté l’histoire d’un figuier qui ne portait pas de fruits et qu’un vigneron proposait de soigner (Lc 13.6-9). Voilà maintenant ce même figuier qui commence à bourgeonner. Dans ce passage qui parle de malheurs, le figuier est un signe d’espérance qui évoque la fin de l’hiver et la venue du printemps.
La Bible parle de grand malheur, mais elle dit aussi que le malheur n’est pas le dernier mot de l’histoire.
Pistes d’actualisation
1er thème : L’avent
Le temps de l’avent nous rappelle que la foi n’est pas de l’ordre du savoir ou de la possession, mais de la quête et de la brûlure.
Attendre Dieu, c’est s’éloigner des deux positions que sont le dogmatisme et le scepticisme. Le dogmatique n’attend pas car il croit tout savoir et le sceptique n’attend pas car il pense qu’il n’y a rien à recevoir. Il est difficile de croire en Dieu tout en disant que nous l’attendons, c’est pourtant sur cette ligne de crête que nous devons nous tenir.
L’avent est la protection contre toutes les idolâtries car il induit qu’on ne peut posséder le Seigneur.
2e thème : Contre l’alourdissement du cœur
Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s’alourdisse dans les excès, les ivresses et les inquiétudes de la vie. L’image est éloquente. Lorsque notre corps s’empâte, il est moins souple, moins vif, moins endurant. Il a alors besoin d’exercice pour retrouver sa jeunesse. Il en est de même de notre foi qui a besoin de retrouver sa souplesse. Les exercices proposés dans ce passage sont la prière et la veille.
Ce qui alourdit notre cœur, ce sont les excès, les ivresses. Les plaisirs de la vie ne sont pas interdits, mais lorsqu’ils sont en excès, il arrive un point de retournement où les plaisirs deviennent des servitudes qui nous alourdissent. Il convient de rester souples et légers dans notre vie et dans notre foi.
3e thème : Veillez et priez
Souvent on entend dit : « À quoi ça sert de prier puisque Dieu sait ce qu’il nous faut ? » La réponse se trouve dans ce passage. Le propre de la prière est de nous garder éveillés et de lutter contre les tentations. La grande tentation de notre monde est le conformisme, c’est de prêter une trop grande attention à la petite voix qui nous susurre à l’oreille : « À quoi ça sert d’être fidèle à l’Évangile ? Fais comme tout le monde, mange, bois, profite de la vie, consomme, brille, cherche le pouvoir, soit le maître de tes valeurs, oublie tes engagements de jeunesse. Ce qui est à la mode aujourd’hui, c’est d’être mobile, adapté et surtout de ne pas rater le dernier train de ce qu’on doit penser… tu peux même essayer de le précéder ! » Que nous le voulions ou non, nous sommes influencés par la façon de penser de notre monde, notre raisonnement est formaté par l’époque dans laquelle nous vivons.
Les valeurs de notre monde sont comme un gaz incolore, inodore et sans saveur que nous inhalons sans nous en rendre compte. La veille et la prière sont comme des antidotes qui nous enracinent dans l’Évangile. Nous avons besoin de spiritualité, d’écoute et de prière, pour entrer en résistance contre le discours ambiant et majoritaire de notre époque.
Une illustration – Syndrome d’Alzheimer
Dans la Bible, le grand reproche que Dieu fait à son peuple est de l’avoir oublié.
Celui qui perd la mémoire est menacé par le syndrome d’Alzheimer : il ne sait plus qui il est et il se laisse conduire par les aléas de la vie.
Le contraire de l’oubli, c’est la mémoire qui donne de l’épaisseur à notre histoire et qui nous aide à agir avec sagesse. Veillez et priez pour nous souvenir d’où vient et où on va, veiller et prier pour donner du poids à nos paroles et à notre vie.
Le texte de l’épître de 1 Thessaloniciens du dimanche 1 décembre
1 Th 3.12-4.2 – Un cœur irréprochable
Le contexte – La première épître aux Thessaloniciens
Dans le livre des Actes des Apôtres, Paul a été obligé de quitter Thessalonique de nuit suite à des troubles suscités par son activité apostolique. Ces circonstances expliquent le caractère pastoral et personnel de l’épître dans laquelle on sent que l’apôtre a une affection particulière pour ses interlocuteurs. Dans les versets qui précèdent notre passage, Paul déclare que nuit et jour il fait monter de très instantes supplications vers Dieu pour qu’il lui soit donné de retourner à Thessalonique pour achever sa mission d’encouragements et de formation.
L’autre grand thème de l’épître est la résistance dans les détresses. Au début du chapitre 3, il déclare : « Lorsque nous étions chez vous, nous vous disions d’avance que nous allions connaître la détresse ; c’est ce qui est arrivé, vous le savez » (1 Th 3.4). Pour traverser la grande épreuve, l’épître évoque à plusieurs reprises le thème de l’encouragement comme dans le passage que nous méditons cette semaine.
Que dit le texte ? – Paroles d’encouragement
Le plus important pour tenir bon dans l’épreuve est de ne pas être seuls, c’est pourquoi Paul encourage ses interlocuteurs dans trois directions.
Que le Seigneur fasse foisonner et abonder votre amour les uns pour les autres, l’amour comme moyen de résistance. Aimer, c’est se préoccuper des autres, les porter, les soutenir, et en le faisant on s’aide soi-même.
Qu’il affermisse votre cœur, pour qu’il soit irréprochable dans la sainteté, la détresse n’est pas une excuse pour se laisser aller, bien au contraire. En restant ferme intérieurement, on se fortifie extérieurement.
Progresser dans la façon de plaire à Dieu, c’est-à-dire dans la justice et la compassion. Plus les périodes sont difficiles plus on doit être intransigeant sur la justice et le respect du prochain.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Rester vigilant
Dans l’apocalypse de Luc, Jésus équipe ses disciples pour les préparer à affronter les temps difficiles qui viennent. Pour cela il parle de signes cosmiques qui susciteront de l’angoisse et des terreurs. Il ajoute : Quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et levez la tête, parce que votre rédemption approche. Puis il les exhorte à rester éveillés et à prier en tout temps pour avoir la force de rester debout.
Qu’est-ce que ça veut dire de rester éveiller ? L’épître aux Thessaloniciens répond de rester accrochés à l’amour du prochain et de veiller sur son cœur pour qu’il progresse dans les chemins de la justice et de la compassion.
Le livre de Jérémie du dimanche 1 décembre
Jr 33.14-16 – La promesse dans l’effondrement
Le contexte – Le prophète Jérémie
Le livre de Jérémie est redoutable car il essaye de parler au nom de Dieu dans une période particulièrement tragique.
Dans le passage qui précède celui que nous méditons cette semaine, Jérusalem est assiégée et les maisons qui sont au-delà des murailles ont déjà été détruites.
On imagine l’angoisse dans la ville qui souffre de la faim et qui vit sous la menace d’un massacre. Dans les mêmes circonstances, Ézéchiel a annoncé ce qui allait se passer : « Un tiers de tes habitants mourra par la peste ou sera exterminé par la famine au milieu de toi ; un tiers tombera par l’épée autour de toi ; j’en disséminerai un tiers à tout vent et je tirerai l’épée derrière eux » (Ez 5.12). À la différence d’Ézéchiel qui parle de Babylone où il a été envoyé lors d’une déportation précédente, Jérémie est à Jérusalem, et il est même en prison car il a annoncé la chute de la ville.
C’est dans cette circonstance tragique qu’il apporte une parole d’espérance. Lors de sa vocation, le Seigneur l’a appelé pour déraciner, pour démolir… mais aussi pour bâtir et pour planter (Jr 1.10). Après avoir démoli en annonçant la chute de Jérusalem, il se met à replanter en évoquant un avenir possible.
Que dit le texte ? – Promesse de restauration
La chute de Jérusalem correspond à un point bas de l’histoire du Premier Testament. On peut décrire cette dernière par une période de croissance qui va d’Abraham à David qui correspond à un sommet de l’histoire puisque les promesses faites à Abraham sont accomplies : les enfants d’Israël forment un peuple avec une loi, un roi, un temple, une terre, une administration… Jérémie se situe 400 ans plus tard lorsque le peuple s’apprête à tout perdre : son unité, son temple, sa liberté, sa terre.
Alors que la chute de Jérusalem va être suivie de l’épreuve de l’exil, Jérémie prophétise une restauration en annonçant une période de bonheur et de justice avec un nouveau roi et de nouveaux prêtres. Cette promesse sera un ferment d’espérance pour les habitants de Jérusalem qui se prépare à vivre la grande catastrophe. Il est plus facile de résister au grand malheur quand on sait que l’épreuve aura un terme.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le signe du figuier
L’évangile de ce dimanche est un extrait de l’apocalypse de Luc qui évoque un temps d’épreuve terrible qui n’est pas sans analogie avec la situation des habitants de Jérusalem au temps de Jérémie puisqu’il est question d’envahissement, de massacres et de déportation, c’est ce qui arrivera lors de la chute du temple en 70 de notre ère.
Comme Jérémie, Jésus annonce que la grande épreuve ne sera pas la fin de tout puisqu’elle précède la venue du fils de l’homme. Ce passage est une invitation à garder l’espérance en toutes circonstances et à ne jamais abandonner le combat de la foi : « Restez donc éveillés et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à tout ce qui va arriver et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme » (Lc 21.36). Cette exhortation est pour tous les temps, donc aussi le nôtre.