L’évangile du dimanche 10 novembre

L’épître aux hébreux du dimanche 10 novembre

10.11.2024 : Hé 9.24-28 – Le nouveau sanctuaire 

Un sanctuaire au ciel

Le contexte – L’épître aux Hébreux

L’épître aux Hébreux poursuit son travail de relecture du ministère de Jésus à partir de la grille de lecture des sacrifices du Premier Testament.

La semaine dernière nous avons vu que la croix était relue comme le sacrifice parfait qui n’avait pas besoin d’être renouvelé, cette semaine le texte que nous lisons installe le sanctuaire – lieu de la rencontre avec Dieu – dans le ciel.

Que dit le texte ? – Le trône de miséricorde

Le texte proposé à notre méditation commence par affirmer que le sanctuaire est au ciel, ce qui est une façon de dire qu’il n’est plus sur terre. Sur terre, il n’y a plus de lieux sacrés, car le sacré se trouve au ciel, dans notre relation avec le Seigneur.

La notion de grand prêtre qui doit chaque année sacrifier un animal dans le sanctuaire est une évocation de la fête de Kippour qui apporte le pardon. Pour Israël, le premier jour de l’année s’appelle Roch Hachana. Ce jour-là, la tradition dit que chacun passe devant Dieu comme un troupeau devant son berger. Dieu pèse selon sa justice les actions commises pendant l’année écoulée et décide du sort de chacun. Après Roch Hachana, s’ouvre une période de dix jours consacrée à la repentance, au retour vers Dieu. L’humain est invité à la pénitence, à la réconciliation, au pardon, au recommencement. À l’issue de ce temps de repentance, arrive Yom Kippour, le jour du Grand Pardon. Ce jour-là, le grand-prêtre offre un sacrifice et, symboliquement, Dieu descend de son trône de rigueur et de justice pour prendre place sur le trône du pardon et de la miséricorde. Quand l’épître aux Hébreux dit que maintenant qu’il est au ciel le Christ paraît pour nous devant Dieu, elle annonce que Dieu est définitivement installé sur le trône de la miséricorde.

La fin du texte déclare que nous sommes dans le temps du pardon en attendant la seconde venue du Christ, en dehors du péché, c’est-à-dire en dehors de tout ce qui nous sépare de Dieu. Alors, comme le dit la première épître aux Corinthiens : Dieu sera tout en tous (1 Co 15.28).

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La critique de l’économie religieuse du Temple

Le récit de la veuve qui met sa dernière piécette dans le trône du temple est précédé d’un passage dans lequel Jésus vilipende les scribes qui aiment se promener avec de longues robes et qui dévorent les maisons des veuves.

En même temps qu’il honore l’offrande de la veuve, Jésus critique l’attitude des responsables religieux qui s’appuie sur leur autorité divine pour exploiter les pauvres. C’est ce système qui est aboli dans l’épître aux Hébreux. Il n’y a plus de prêtres, plus de pouvoirs religieux, tous les humains ont accès au Seigneur grâce au Christ qui leur a ouvert les portes du ciel. 

Le premier livre des Rois du dimanche 10 novembre

1 R 17.10-16 – La veuve de Sarepta 

Le contexte – Le cycle d’Élie 

Les deux livres des Rois racontent la décadence progressive de la royauté après l’apogée qu’a constitué le règne de David. Un des modèles du mauvais roi a été Achab qui, sous l’influence de sa femme sidonienne Jézabel, a installé les cultes de Baal et Astarté dans le pays. Parallèlement à l’idolâtrie du roi, le récit raconte la vie du prophète Élie qui est un symbole de résistance spirituelle à la dérive des monarques.

Élie annonce à Achab une famine du fait d’une période de sécheresse, puis il va se réfugier au bord de l’oued Kerith où il peut boire l’eau du torrent alors que des corbeaux envoyés par le Seigneur lui apporte de la nourriture. Quand la sécheresse a perduré, même le torrent a été asséché et Élie est envoyé par le Seigneur chez une veuve à Sarepta en terre étrangère, au pays de Sidon. 

Que dit le texte ? – L’hospitalité de la veuve 

Élie arrive à Sarepta et rencontre une veuve à qui il demande de l’eau et du pain. Elle répond qu’il ne lui reste qu’une poignée de farine et un peu d’huile avec lesquels elle fera cuire un pain, ensuite il ne lui restera plus qu’à mourir avec son fils. 

Élie lui annonce que le pot de farine ne s’épuisera pas, et la cruche d’huile ne se videra pas, jusqu’au jour où le Seigneur enverra la pluie sur la terre, et c’est ce qui arriva.

De ce récit nous pouvons tirer trois leçons.

L’hospitalité est universelle. C’est une veuve étrangère qui était prête à partager avec un homme inconnu le peu qui lui restait. Jésus s’appuiera sur ce récit pour souligner l’universalité de son Évangile (Lc 4.25-26).

Le récit souligne le miracle du partage. Quand on est prêt à partager le peu qu’on a, il arrive qu’on en ait beaucoup plus que ce qu’on croit. Ce fut l’expérience de la multiplication des pains avec les douze paniers et les sept corbeilles de restes.

Enfin Sarepta est dans le pays de Sidon, donc la veuve était une Sidonienne comme la reine Jézabel qui a répandu l’idolâtrie en Israël. L’opposition entre ces deux Sidoniennes nous rappelle qu’il ne faut jamais enfermer des personnes dans des catégories et les considérer pour ce qu’elles font et non à partir de leur origine. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Une histoire de veuves

Le lectionnaire nous propose un rapprochement entre la veuve de Sarepta qui partage avec Élie sa dernière poignée de farine et la veuve de l’évangile qui met dans le tronc du temple la dernière piécette qui lui restait pour vivre. 

Ces deux veuves ont été une image du Christ en ce qu’elles ont donné ce dont elles avaient besoin pour vivre. La Bible ne nous donne pas le commandement de nous défaire du nécessaire pour vivre, en revanche la démarche de foi consiste à remettre tout ce que nous détenons entre les mains de Dieu afin de considérer que tout ce que nous possédons vient de lui. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Laurence Belling