L’évangile du dimanche 20 octobre

L’épître aux hébreux du dimanche 20 octobre

Hé 4.14-16 – Obtenir compassion et trouver grâce

Le contexte – L’épître aux Hébreux

Après avoir montré que Jésus est plus grand que Moïse et avoir souligné l’importance de la Parole qui est comme une épée acérée qui dit la vérité de ce que nous sommes, l’épître aux Hébreux aborde à partir des versets qui sont proposés à notre méditation une relecture de la christologie à partir de la figure du grand prêtre. Il est le prêtre de la nouvelle alliance qui opère la réconciliation entre les humains et Dieu.

Dans cette partie, l’auteur de l’épître va appliquer à la croix une lecture sacrificielle à partir de la fête de Kippour qui apporte le pardon de Dieu. 

Que dit le texte ? – Un grand prêtre qui a traversé les cieux

Le passage proposé à notre méditation dit que le Christ a été soumis aux épreuves de notre humanité. Dans les évangiles, l’épreuve de Jésus a été dans le désert lorsqu’il a été tenté par le diable qui lui a proposé de dominer le monde et de gouverner par la puissance. Jésus a traversé l’épreuve en refusant la proposition du diable car il est venu apporter un évangile de service et de compassion et non pas de domination. Cet évangile trouve son achèvement dans la croix mais l’épreuve n’est pas la dernière parole de Dieu. Le texte dit qu’il a traversé les cieux, ce qui est une évocation de l’ascension. Après sa mort, le Christ est monté au ciel pour siéger sur le trône de la miséricorde.

Parce qu’il a totalement habité notre humanité, qu’il a éprouvé nos épreuves et souffert nos souffrances, nous pouvons nous approcher de son trône dans la confiance pour obtenir compassion et trouver grâce.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le Fils de l’homme a donné sa vie pour la multitude

Le passage de l’épître aux Hébreux peut être considéré comme une interprétation de ce cœur de l’évangile qui dit que le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude.

L’évangile opère une déconstruction radicale de notre compréhension du divin qui ne se révèle plus dans la gloire en demandant la soumission des humains, mais qui se donne par amour pour l’humanité. Un Dieu qui se donne, qui aime et qui meurt pour les humains est un Dieu que nous pouvons approcher en toute confiance, car c’est un Dieu de grâce et de compassion.

Le passage de l’évangile fait un pas de plus en invitant les croyants à tirer toutes les conséquences de cette compréhension de Dieu en devenant serviteurs de leurs prochains : Quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous sera l’esclave de tous. 

Nous n’avons jamais fini de méditer ce renversement. 

Le livre d’Esaïe du dimanche 20 octobre

Es 53.10-11 – Serviteur écrasé par la souffrance 

Le contexte – Le deuxième Ésaïe 

La deuxième partie du livre d’Ésaïe évoque la période de l’exil, lorsque le peuple a perdu tous les fruits de la promesse, il n’a plus de terre, plus de temple, plus de liberté. Ce fut un temps d’épreuve, mais aussi de reconfiguration théologique pour trouver la présence de Dieu dans les temps de désert.

Cette partie est rythmée par 4 chants du serviteur qui évoquent une présence d’un Dieu qui ne se révèle pas uniquement dans les victoires de ses enfants, mais aussi, de façon paradoxale, dans ses échecs et jusque dans ses persécutions.

Le quatrième chant proposé à notre méditation culmine dans l’évocation d’un serviteur écrasé par la souffrance, mais qui apporte la justice à la multitude.

Que dit le texte ? – Un serviteur écrasé

La grande question de ces chants est de savoir de qui ce serviteur est-il le portrait. La lecture rabbinique dit qu’il est une figure d’Israël et les chrétiens n’ont pas pu ne pas y voir une préfiguration du Christ. 

Longtemps ces deux lectures sont apparues comme exclusives alors qu’on peut les considérer comme étant complémentaires. Dans l’histoire, des Juifs et le Christ ont été des serviteurs souffrants. En tant que chrétien, cette complémentarité me conduit à considérer que le peuple juif a été parfois dans l’histoire une image du Christ.

Le texte dit que la volonté du Seigneur se réalisera par lui. Il est difficile de penser que la volonté du Seigneur soit que ses serviteurs soient écrasés par la souffrance, mais on peut inverser la proposition et voir qu’il arrive que le Seigneur se manifeste particulièrement à travers des épreuves.

Une femme qui a perdu un enfant disait : « je ne souhaite à personne de vivre l’épreuve que j’ai traversée, mais je suis obligée de reconnaître qu’elle m’a fait grandir en humanité et en compassion. » Cette remarque n’est pas une justification de la souffrance, mais la confession qu’en toutes circonstances, on peut trouver de la fécondité.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La vraie grandeur

Le passage de l’évangile de Marc proposé à notre méditation se trouve pendant la montée de Jésus à Jérusalem, laquelle est ponctuée par trois annonces de la passion. Jésus centre alors son enseignement sur les conséquences de la croix.

Aux disciples qui veulent se tenir aux côtés du Christ dans son règne, ce dernier précise sa façon de gouverner le monde : « Quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous sera l’esclave de tous. »

Il ne suffit pas de méditer sur les chants du serviteurs et sur les récits de la passion, il faut aussi entendre ce qu’ils signifient pour nous aujourd’hui, pour nos vies et nos engagements. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Laurence Belling