L’évangile du dimanche 21 juillet

Marc 6.30-34 – Jésus appelle ses disciples à l’écart

Jésus, les disciples et la foule, le repos et l’agitation

Introduction

Dans le passage que nous avons médité la semaine dernière, les disciples ont été envoyés pour prêcher le changement radical, chasser les démons et soigner les malades. Une fois leur mission terminée, ils se retrouvent avec Jésus. Ils ont beaucoup de choses à partager. On les imagine avides de pouvoir raconter ce qu’ils ont vécu, mais ils ne vont pas le pouvoir.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Apôtres

Le premier verset dit : Rassemblés auprès de Jésus, les apôtres lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait. Depuis leur vocation, c’est la première fois que les disciples sont appelés apôtres. En grec, le mot apostolos signifie envoyé. Les Douze ne sont jamais autant apôtres que lorsqu’ils sont en mission.

Titre : Le repos et l’agitation

Cette péricope repose sur la tension entre l’agitation et le repos. Jésus propose à ses disciples de se reposer, mais ils vont être empêchés par la foule : Beaucoup venaient et repartaient, et ils n’avaient pas même le temps de manger.

Dans la Bible, le repos est important, tellement important qu’on en trouve le commandement dans les Dix paroles. Six jours tu travailleras, un jour tu te reposeras. Le repos n’est pas une concession faite à notre humanité, c’est un commandement. La Bible s’oppose à l’oisiveté et à l’agitation.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le besoin de désert 

Jésus appelle ses disciples à aller à l’écart, dans un lieu désert. Dans la Bible, le désert est un lieu de ressourcement, de retour vers l’essentiel. Au désert, il n’y a pas d’automobile pour abolir les distances, pas de télévision pour passer le temps, pas d’ordinateur pour s’abîmer dans le travail, pas de football pour se distraire, pas de café pour se retrouver entre amis. Les rapports sociaux et culturels n’existent plus, l’humain est nu, dépouillé, conduit à la solitude, ramené à l’essentiel.

Le Petit Prince a dit que ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. Le problème est qu’il faut parfois creuser profond pour trouver l’eau du puits.

2e thème : La foule ambiguë

Le personnage principal de ce récit n’est pas le groupe des apôtres, mais la foule. La foule qui vient de la ville pour aller vers Jésus au désert. Jésus a toujours eu une relation ambiguë avec les foules. Il s’en est méfié parce qu’une foule, c’est plus qu’une somme d’individus. Dans une foule, les sujets sont noyés dans la collectivité. La foule est capable de l’acclamer lors de sa venue à Jérusalem et de crier À mort ! quelques jours plus tard.

Lors de la tentation du désert, le diable a proposé à Jésus de prendre la tête d’une foule d’adorateurs, mais il a refusé, car il ne veut pas mener des foules, il veut appeler des sujets.

3e thème : La foule en quête de parole

Si en général, Jésus se méfie des foules, il a accueilli cette foule-là parce qu’elle vient de toutes les villes à pied. Elle a fait le chemin qui va de la ville au lieu désert. La ville est le lieu de l’anonymat quand le désert est le lieu de la rencontre.

Parce que les hommes qui vont à Jésus ont fait le chemin de la ville au désert, Jésus a enseigné la foule. Dans la séquence qui suit que nous méditerons dimanche prochain, Jésus nourrira la foule en multipliant les pains.

Ici Jésus enseigne la foule. On peut penser que dans son enseignement il a invité les hommes et les femmes à ne plus se considérer comme les membres d’une foule mais comme des sujets uniques.

Une illustration : Une foule sans berger

Jésus n’est pas ému par la foule en général, mais par la foule qui n’a pas de berger. La grosse accusation de ce passage s’adresse aux bergers qui n’assument pas leur responsabilité. Dans le livre d’Ézéchiel, le prophète est appelé à interpeller les bergers : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Quel malheur pour les bergers d’Israël, qui se repaissaient eux-mêmes ! Les bergers ne devraient-ils pas faire paître le troupeau ? Vous mangez la graisse, vous êtes vêtus avec la laine, vous avez sacrifié les bêtes grasses : vous ne faites pas paître le troupeau. Vous n’avez pas fait reprendre des forces aux bêtes qui étaient faibles, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée ; vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez dominées avec force et avec rudesse. Elles se sont dispersées faute de berger ; elles sont devenues la proie de tous les animaux sauvages ; elles se sont dispersées. (Ez 34.2-6).

L’épître aux Ephésiens du dimanche 21 juillet

Ep 2.13-18 – Juifs et non-juifs, la nouvelle économie religieuse de la réconciliation

Le contexte – l’épître aux Éphésiens

La semaine dernière, nous avons médité l’hymne qui ouvre l’épître aux Éphésiens qui soulignait la grandeur d’un Christ qui nous a choisis depuis avant la fondation du monde pour tout réconcilier en lui à la fin des temps.

Cette réconciliation ne vient pas de nous, elle induit donc un salut gratuit qui est donné par Dieu. En nous libérant des obligations de la loi, elle une nouvelle relation entre les juifs et les non-juifs.

Que dit le texte ? – La destruction des murs de séparation 

Pour entendre l’importance de ce passage, il faut prendre conscience de l’épaisseur des murs de séparation. Un passage du livre des Actes nous y aidera, la venue de Pierre chez Corneille. Il a fallu trois interventions massives de l’Esprit (un ange envoyé à Corneille – une vision à Pierre – et un message de l’Esprit sur l’interprétation de la vision) pour que Pierre mette les pieds chez un homme qui« était pieux et craignait Dieu ; il faisait beaucoup d’actes de compassion en faveur du peuple et priait Dieu constamment »(Ac 10.2).

La réconciliation opérée par le Christ abat les murs de séparation et permet une nouvelle relation entre les juifs et les non-juifs. Quand ils étaient sous l’économie de la loi, cette dernière séparait les humains en deux catégories – les observants et les autres – qui avaient peu de relations entre elles. 

Le régime de la loi et de la séparation a révélé son échec puisque c’est avec la loi que les religieux ont condamné Jésus. Sa mort est donc la marque de la faillite d’une économie religieuse fondée sur les prescriptions. La mort de Jésus ouvre les portes du ciel en permettant à tout humain d’avoir accès au Père dans un même esprit

Désormais tous ont le même statut devant Dieu, comme Paul l’a formalisé dans l’épître aux Galates : « Vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ »(Ga 3.27-28). Paul ne dit pas qu’il n’y a plus de différence entre les juifs et les Grecs, les esclaves et les libres, les hommes et les femmes, mais que ces différences ne sont pas séparatrices devant Dieu. Chacun est accueilli tel qu’il est comme un être unique. C’est ce qu’il appelle la réconciliation. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Jésus et la foule

Quand Jésus se trouve devant une foule qui vient l’importuner, il voit cette foule comme un rassemblement d’hommes et de femmes uniques qui ont tous besoin de réconciliation.

Quand le texte de l’évangile dit que Jésus a été ému par la foule et qu’il se mit à leur enseigneur quantité de choses, on peut imaginer que son enseignement portait sur l’amour de Dieu et sur l’infinie dignité de chaque humain devant lui.

Si la foule a importuné Jésus, c’est parce qu’elle voulait être guérie, mais aussi parce qu’elle était en quête d’une parole de dignité, c’est cette parole que Paul a déployée dans l’épître aux Éphésiens.

Le texte du Premier Testament du dimanche 21 juillet

Jr 23.1-6 – L’espérance d’un nouveau roi

Le contexte – Jérémie, un prophète pour temps de crise

Jérémie est fils de prêtre, mais il doit parler en prophète. Son ministère s’étend sur plusieurs décennies dans une période particulièrement tragique puisqu’il accompagne la politique désastreuse des fils de Josias, Joïaqim et Sédécias, qui ont conduit à la chute de Jérusalem et au massacre de ses habitants.

Son livre relève de la littérature de crise. Il s’oppose aux messages apaisants qui disent que tout va bien se passer pour annoncer le grand malheur qui arrive, mais comme tous les prophètes, il annonce aussi que le grand malheur n’est pas la dernière parole de l’histoire, et qu’il sera suivi d’un relèvement.

Que dit le texte ? – Le mauvais roi et l’annonce d’un relèvement

Jérémie accuse les rois qui ont refusé de se soumettre à Nabuchodonosor d’être des mauvais bergers qui n’ont pas pris soin du troupeau qui leur avait été confié.

L’opposé des mauvais bergers, David est le modèle du bon roi qui parlait de son métier de berger : Je faisais paître le troupeau de mon père. Quand le lion ou l’ours venait enlever une bête du troupeau, je lui courais après, je le frappais et je délivrais la bête de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la barbe, je le frappais et je le tuais (1 S 17.34-35).

Un roi devrait être un serviteur, mais les logiques de pouvoir font que les rois ont souvent utilisé leur pouvoir à leur profit au lieu d’être au service du peuple dont ils ont la charge. 

Après avoir dénoncé les errances des rois actuels, Jérémie annonce de la part du Seigneur un roi à venir qui agira dans le pays selon l’équité et la justice.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Jésus et la foule

Quand les apôtres sont revenus de mission, Jésus aspirait à un temps calme avec eux pour qu’ils puissent raconter ce qu’ils ont vécu, mais le texte dit qu’ils n’ont pu échapper à la foule. Au lieu de s’élever contre la foule importune, Jésus l’a vue comme des moutons qui n’ont pas de berger. Il a renoncé au repos auquel il aspirait et il se mit à leur enseigner quantité de choses.

Dans les évangiles, Jésus est souvent représenté sous les traits du bon berger qui prend soin de son troupeau, qui connaît ses moutons et qui les appelle par leur nom. 

Jésus est roi, mais sa royauté n’est pas dans le registre de la domination, mais du service comme il l’a lui-même formalisé dans l’évangile : « Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles en seigneurs, et que les grands leur font sentir leur autorité. Il n’en sera pas de même parmi vous. Au contraire, quiconque veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 20.25-26).

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Florence Taubmann, Antoine Nouis